L'article « La France orange mécanique à Évry : “violée parce que toutes les Françaises sont des putes” » a suscité beaucoup de commentaires. En voici un :
Que de haine, que de préjugés, que d’incompréhensions mutuelles.Vous ne vous rendez pas compte que si ces gosses ont fait cette monstruosité, ce n’est pas du fait de leur origine, mais parce qu’ils n’ont reçu aucune éducation, aucun repère, et que leur horizon familial, social et culturel est totalement bouché.
Au lieu de réclamer des condamnations à mort, vous feriez mieux de vous interroger sur votre façon collective de les “accueillir” depuis 50 ans. De les respecter depuis 50 ans. De leur donner leur chance depuis 50 ans. Qu’avez-vous fait pour eux, sinon les mépriser avec cette bonne conscience propre à ceux qui n’ont pas eu beaucoup de mal à se donner pour préserver leur statut social ?
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Si ce commentaire est cité, de préférence à d’autres, c’est qu’il résume de façon accablante la pensée des vestales médiatiques et politiques qui gardent jalousement le temple dédié à sainte Nigauderie. La France est donc la poule qui a fait et couvé l’œuf. Et c’est à elle qu’il convient de s’en prendre. Pas à l’œuf. Un remake de l’antique malédiction juive (« que son sang retombe sur nos têtes »). Assassins du Christ un jour, assassins du Christ toujours. La France coupable un jour, la France coupable toujours.
La France a parqué et entassé les immigrés dans des HLM ? Oui. Mais ils habitaient où, avant ? Chez eux, ou chez nous, dans des bidonvilles (il y en avait encore à Nanterre dans les années 60) crasseux, glauques, sans eau ni électricité. La France les a fait marner pour des salaires de misère ? Oui. Mais chez eux ils mouraient de faim, et la durée de vie de beaucoup de leurs enfants n’excédait souvent pas celle d’un papillon, faute de soins. L’administration française, les fonctionnaires des préfectures, les guichetières de la Sécu, les policiers n’étaient guère prévenants à leur égard ? Oui. Mais chez eux ils étaient traités comme du bétail, pas de Sécu, et les policiers locaux battaient et torturaient dans les commissariats.
Il n’est pas facile d’être immigré en France. Mais cela n’est facile nulle part. Les Italiens, qui sont venus chez nous chercher du travail, en ont fait l’amère expérience à Aigues-Mortes quand, au croisement des XIX et XXe siècles, nombre d’entre eux ont été tués dans une émeute xénophobe. Les Espagnols, des maçons venus construire nos maisons, des femmes de ménage, des concierges, ont été à peine mieux traités : des salaires de misère et des remarques peu flatteuses sur l’origine des espingouins. Les Juifs polonais, ou roumains, venus de leur ghetto, ont travaillé comme des malades dans des ateliers de confection dignes de Dickens, et cela dans une France où on ne se privait pas de crier : « À bas les métèques ! » et « Mort aux Juifs ! ». Sans oublier les Chinois d’aujourd’hui qui bossent dans des sous-sols puants en rêvant du Smic qu’ils n’ont pas.
Est-ce que quelqu’un, une association, un ministère, un SOS quelconque, un CFCM, un CRAN pourrait nous indiquer si les groupes humains cités ci-dessus ont manifesté par quelque moyen que ce soit un désir de vengeance, une haine de la France ? L’autre jour à la télévision, le philosophe Edgar Morin, qui, de manière himalayesque, illustre la phrase du général de Gaulle sur Pétain (« La vieillesse, quel naufrage ! »), apostrophait violemment Alain Finkielkraut. Il lui reprochait d’être « obsédé par les musulmans ». Et se demandait, sur un ton qui se voulait patelin, comment il était possible que « le fils d’un Juif polonais » si bien intégré refuse cette intégration aux Maghrébins.
Personne n’a interrompu Morin. On aurait pu cependant l’interroger afin de savoir combien de millions étaient les Juifs polonais débarqués en France. On aurait pu aussi lui demander s’il y avait sur la planète 1 milliard d’individus de la même religion ou de la même origine qu’eux. On aurait pu aussi l’interpeller et lui demander si le mot oumma avait son équivalent en yiddish ou en hébreu. On aurait pu… Un chiffre, ou plutôt deux, pour conclure. D’après la DGSE, 700 djihadistes français combattent en Syrie. Selon le juge antiterroriste Marc Trévidic, il faut au moins 70 000 islamistes radicaux pour que 10 % d’entre eux sautent le pas et passent à l’action. D’après certains spécialistes, c’est surtout en prison qu’ils basculent dans l’islamisme. Peut-être que ceux d’Évry et quelques autres ne devraient pas aller en prison…