jeudi 20 novembre 2008

CUBA • La révolution n'a pas eu raison du racisme

La "révolution" selon Fidel et les rats qui le suivent...

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Après la victoire de Barack Obama, les Noirs et les métis cubains aimeraient bien que leur société suive l'exemple américain. Car ils sont toujours laissés pour compte.


De La Havane

"Je ressens encore le choc en pleine poitrine. Ce qui stagne dans mes yeux, ce sont des larmes de fierté et de profond soulagement. J'entends Barack Obama. […] Je regarde ma peau, je regarde celle de mes enfants, je pleure et je souris", écrivait le poète et essayiste cubain Víctor Fowler quelques jours après le triomphe d'Obama. Ces mots résument le sentiment d'une bonne partie de la population noire et métisse de Cuba. Car si l'élection d'Obama marque un tournant pour la cause antiraciste dans le monde, c'est particulièrement vrai sur la grande île. "Rien ne va changer, c'est juste un symbole", estime Ana, une cadre noire qui assure que certains de ses amis se sont vu refuser des postes à responsabilité dans le secteur touristique à cause de la couleur de leur peau. "Bien entendu, sans que personne ne le reconnaisse."

Des accusations qui ne sont pas très difficiles à étayer. Les statistiques officielles confirment que parmi les cadres dirigeants et le personnel technique du tourisme, la proportion de Noirs et de métis ne dépasse pas 5 %. Même constat dans d'autres secteurs émergents de l'économie, où il existe de meilleures possibilités de gagner des dollars, mais qui comptent peu de dirigeants à la peau noire. En 2006, les chercheurs Rodrigo Espina et Pablo Rodríguez Ruiz, du Centre d'anthropologie, ont publié dans la revue Temas l'un des rares travaux scientifiques reconnus sur le racisme à Cuba. Ils y présentaient des chiffres révélateurs. Dans le tourisme, les Noirs occupent principalement des postes où ils n'ont pas de contact direct avec le touriste, à l'intérieur des bâtiments, et perçoivent 1,6 fois moins de pourboires que les Blancs. Par ailleurs, les Noirs et les métis occupent les logements les plus délabrés et travaillent le plus souvent comme ouvriers.

Selon le dernier recensement, réalisé en 2002, sur les 11,2 millions de Cubains, 65 % sont blancs, 10 % sont noirs et 25 % métis. De nombreux chercheurs doutent de la fiabilité de ces chiffres – obtenus par une simple déclaration des personnes interrogées – et estiment que la proportion réelle de Cubains noirs et métis est bien plus élevée. Ils l'évaluent à 50 % de la population. "Ici presque tous sont des sang-mêlé, mais ceux qui ont juste un peu de sang noir se déclarent blancs", assure l'anthropologue Natalia Bolívar. Au Parlement cubain, près de 65 % des députés sont blancs, 19 % sont noirs et 16 % métis. Parmi les 31 membres du Conseil d'Etat, la plus haute instance de l'exécutif cubain, 11 sont noirs ou métis, tandis qu'au bureau politique du Parti communiste la proportion est de 5 pour 24. N'oublions pas que Cuba a été la dernière colonie à avoir aboli l'esclavage, en 1886. Si un Noir réussit dans son travail ou s'il est élégant, les Cubains disent sur le ton de la plaisanterie : "On dirait un Blanc." Et les métiers que la société semble réserver aux Noirs et aux mulâtres sont ceux de musicien, de sportif et de policier. A la télévision, il n'y a presque pas de présentateurs noirs, et les rôles joués par les acteurs noirs ou mulâtres dans les séries télévisées ne sont presque jamais ceux de protagonistes.

"La présence limitée de cadres dirigeants, noirs surtout et métis, dans l'administration et les entreprises, notamment dans le secteur du tourisme, est préoccupante", assure Esteban Morales, chercheur au Centre d'études des Etats-Unis (CESEU), qui a publié cette année un livre intitulé Défis de la problématique raciale à Cuba. Selon lui, la crise économique des années 1990, après l'effondrement de l'Union soviétique, a porté un coup terrible aux plus défavorisés, surtout les Noirs, et relancé la discrimination. Ceux qui croyaient le problème du racisme résolu à Cuba étaient idéalistes. Esteban Morales et d'autres chercheurs, comme Fernando Martínez Heredia, font valoir que pendant trop longtemps le régime a éludé la question, estimant que les blessures raciales pourraient affaiblir ou diviser la révolution.
Aujourd'hui, il est temps que le problème du racisme soit débattu publiquement, sans faux-fuyants, compte tenu de sa gravité. Le Parti communiste a créé au début de l'année une commission, présidée par Fernando Martínez Heredia, qui doit préserver la mémoire historique de ceux qui ont toujours été des laissés-pour-compte. Mais il reste encore bien du chemin à parcourir.

Mauricio Vicent
El País

lundi 17 novembre 2008

Je ne prendrai plus l'avion!

Je crois que nous sommes quelques uns à en être là...

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M. Bernatchez est tanné de voir sa valise fouillée à son départ, en cours de route et en arrivant à destination.



Je suis écoeuré de ce moyen de transport qui nous impose maintenant des mesures de sécurité qui tiennent de la paranoïa.


> Je suis tanné de voir ma valise fouillée à mon départ, en cours de route et en arrivant à destination.

> Je suis tanné de voir mon bagage à mains dépouillé d'un coupe-ongles.


> Je suis tanné de ces fouilles corporelles aléatoires.

> Je suis tanné d'enlever mes sandales à un aéroport et pas à un autre.

> Je suis tanné de faire sonner le détecteur à métal à un aéroport et pas à un autre.

> Je suis tanné de voir que certains aéroports acceptent des bouteilles d'eau dans le bagage à mains et d'autres pas.

> Je suis tanné de me faire demander mon passeport à chaque pas que je fais, surtout en descendant de l'avion...

> Je suis tanné de répondre aux questions d'un douanier suspicieux.

> Je suis tanné de faire attendre les autres voyageurs parce qu'un douanier a décidé de me faire une jasette sociale.

> Je suis tanné de voir mon passeport estampillé de bing-bang qui ne veulent rien dire.

> Je suis tanné de voir ces petites feuilles roses «qu'il ne faut pas perdre» peupler mon passeport alors qu'elles ne servent à rien.

> Je suis tanné d'acheter des cadenas, dont les douaniers ont les clés et qu'ils coupent quand même.


Bref, maintenant, juste me rendre à la porte d'un avion, ça m'écoeure.


François Bernatchez
Cyberpresse

mercredi 5 novembre 2008

Barack et l'Iran

Le principal conseiller d’Obama est un faucon anti-Iran

Un faucon anti-Iran pourrait bien hériter du poste de secrétaire d’Etat dans la future administration Obama si le démocrate est élu le 4 novembre.

Dennis Ross, le principal conseiller de Barack Obama sur l’Iran mais aussi possible successeur de Condeleeza Rice au poste de Secrétaire d’Etat, a signé un manifeste sur l’Iran qui prône une ligne dure. Tellement dure que, si elle est appliquée, elle provoquera l’entrée en guerre de l’Amérique contre le pays des mollahs.

A l’origine, Ross, 59 ans, est un expert de feu l’URSS, rompu et formé à la Guerre Froide. Il a servi au Conseil de sécurité nationale de Ronald Reagan et notamment dans le staff du néo-conservateur Paul Wolfowitz, pour ensuite devenir le Directeur du planning du Département d’Etat sous James Baker, secrétaire d’Etat dans l’administration de Bush père. Il a également été l’émissaire spécial pour le Moyen-Orient de Bill Clinton.

Mais lorsqu’il menait les négociations israélo-palestiniennes, selon les dires de Dan Kurtzner, un juif orthodoxe - cité par Time magazine - qui participait à ces pourparlers aux cotés de Ross et qui est de surcroît un ancien ambassadeur en Israël soutenant Obama, les préjugés pro-israéliens de Ross étaient tellement visibles qu’il n’était pas perçu comme « un médiateur honnête ». Le conseiller du candidat démocrate est en outre le co-fondateur du Washington Institute for Near East Policy, un think-tank établi par l’AIPAC, qui prône une ligne pro-israélienne dure et où Ross officie aujourd’hui comme un « Fellow distingué ».

Mais il y a plus scabreux à son sujet. Lorsque Obama a dévoilé qu’il l’accompagnait comme conseiller principal lors de son voyage en Israël en juillet dernier, Time a intitulé son article sur cet énergumène de la sorte : « Le choix conservateur d’Obama pour le Moyen-Orient » et a relevé que, compte tenu de son passé, il était « surprenant de le voir devenir un membre officiel de l’équipe d’Obama ». Et pour cause ! Ross a été le principal auteur du discours très musclé et guerrier d’Obama à la convention de l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee, le très conservateur lobby pro-israélien) en juin dernier.

Un sommaire passé inaperçu dans le Washington Post

Intitulé « Meeting the Challenge : U.S. Policy Toward Iranian Nuclear Development » ., le manifeste anti-Iran a été préparé par un groupe de travail de onze personnes dont Ross. Ses 87 pages ont soulevé tant d’inquiétude et d’indignation chez les intellectuels démocrates progressistes et experts en politique étrangère redoutant une frappe contre l’Iran qu’ils préparent pour après l’élection une lettre ouverte de protestation à l’attention d’Obama.

Deux hommes, précisément deux ex-sénateurs de droite ont présidé à la rédaction de ce texte : Dan Coats de l’Etat d’Indiana (un républicain conservateur pur et dur) et Chuck Robb de Virginie. Ce dernier est un démocrate conservateur, ancien gendre du Président Lyndon Johnson, ancien officier du Marine Corps qui a servi au Vietnam et co-fondateur du Democratic Leadership Council, l’association de démocrates de droite, très faucons en politique étrangère. Robb a également été nommé membre du President’s Foreign Intelligence Board par George W. Bush en 2005. Coats et Robb ont publié un sommaire vaguement maquillé du manifeste dans un article qu’ils ont co-signé dans le Washington Post du 23 octobre. Un article passé inaperçu…

Le groupe de travail qui a préparé le manifeste compte parmi ses autres membres une belle brochette de néo-conservateurs et d’ancien militaires de haut rang. Les principaux auteurs en sont Michael Makovsky qui a travaillé au Pentagone de Donald Rumsfeld, sous Doug Feith, sous-secrétaire à la Défense, où Makovsky faisait partie de l’équipe qui a fabriqué de toutes pièces les faux renseignements sur les armes de destruction massive ayant servi à justifier l’invasion de l’Irak. Autre co-auteur : Michael Rubin, aujourd’hui membre du staff de l’American Enterprise Institute, un think tank bastion des néo-conservateurs qui a, lui aussi, travaillé dans le cabinet de Rumsfeld.

Et que dit exactement ce manifeste ? Qu’aucun accord permettant à la République islamique d’Iran d’enrichir de l’uranium sur son propre territoire de quelle que manière que ce soit (y compris sous le contrôle strict d’inspecteurs internationaux) n’est possible. Mais aussi que l’abandon total par Téhéran de l’enrichissement d’uranium est un préalable à toute négociation.

Pouvoir attaquer l’Iran depuis « plusieurs endroits »

Toujours selon ce texte, pour montrer à l’Iran qu’il ne laissera rien passer, le nouveau président doit en outre fortement accroître la présence militaire américaine dans la région dès « le premier jour où il accède à la Maison-Blanche ». Plus précisément, il devra « mettre en place dans la région des forces militaires américaines et alliées plus importantes, déployer des groupes de porte-avions et des navires démineurs, implanter dans la région des stocks de matériel de guerre (y compris des missiles), augmenter localement le nombre de bases militaires, conclure des partenariats stratégiques avec des pays comme l’Azerbaïdjan et la Géorgie pour pouvoir être opérationnel contre l’Iran de plusieurs endroits ».

Le manifeste va même encore plus loin dans l’hostilité à l’encontre de Téhéran et ajoute que « la présence des forces U.S. en Irak et en Afghanistan offre de nombreux avantages en cas de confrontation avec l’Iran car l’Amérique peut y implanter plus de forces armées et de matériel sous couvert des conflits en Irak et Afghanistan ; et ainsi maintenir un effet de surprise [sic !] stratégique et tactique ».


En clair, si Téhéran n’est pas prêt à abandonner tout enrichissement d’uranium sur son propre territoire (ce que l’Iran n’acceptera jamais comme préalable à une négociation), la guerre devient inévitable. Et toutes les étapes intermédiaires, y compris des négociations directes si le nouveau président américain choisit d’en mener, ne seront en réalité que du bla bla et prétexte à relations publiques pour se faire soutenir par la communauté internationale en vue d’une attaque contre le pays des mollahs.

Le fait que ce conseiller très écouté par Barack Obama ait signé et aidé à rédiger ce manifeste de faucons anti-Iran n’a pas encore été relevé par la presse américaine. Mais qu’un tel type ait l’oreille du candidat démocrate et semble destiné à un poste important aux Affaires étrangères au sein de la future administration de Barack Obama fait tout simplement froid dans le dos.


http://www.bakchich.info/article5684.html

lundi 3 novembre 2008

Des black Indians en guerre contre les Cherokees

Tina Turner, Jimi Hendrix, Michael Jackson: ces trois-là partagent autre chose que d'être des stars, passées ou présentes, de la musique américaine. Ils ont tous du sang indien qui coule dans leurs veines. Ils sont ce qu'on appelle ici des Black Indians.

Leur réussite peut certes être érigée en symbole d'une Amérique qui se mélange et qui, en se mélangeant, fait éclore tous ses talents. Mais derrière ces quelques cas isolés, il y a une histoire méconnue. Une histoire qui dure encore et qui voit s'affronter, dans l'indifférence de la plupart des Américains, certaines nations indiennes et des descendants d'esclaves.

Cette réalité oubliée, nous l'avons découverte par hasard. Un dimanche matin, nous avons rencontré Delphine Criscenzo, une étudiante française qui étudie à Bloomington depuis deux ans. Passionnée par l'histoire des Noirs américains, elle s'est spécialisée dans celle de ces hommes et de ces femmes qui ont la peau plus ou moins noire, qui revendiquent leurs ancêtres indiens et qui, pourtant, peinent à se faire reconnaître par la nation cherokee.

Dès le début de l'esclavage, le destin des tribus indiennes du sud-est des Etats-Unis se mêle à celui des esclaves. Il arrive que les liens deviennent à ce point étroits entre les Indiens et ceux qui fuient leurs chaînes, que les maîtres blancs s'en inquiètent et prennent soin de les séparer. Il arrive aussi que les Africains ne fassent que tomber d'une servitude dans une autre. Car certaines tribus ont vite fait de comprendre tout l'intérêt économique qu'elles vont pouvoir tirer de cette main d'œuvre.

En 1825, on ne compte plus que 13 563 Cherokees, mais ces mêmes Cherokees possèdent 1 217 esclaves. Et lors d'un autre recensement, dix ans plus tard, on estime que 10% d'entre eux ont au moins un ancêtre africain.

En 1830, lorsque cette tribu doit quitter sa terre pour aller s'installer dans une réserve à l'ouest, dans l'Oklahoma, elle emmène ses esclaves avec elle. Et lorsque l'esclavage est aboli, le gouvernement fédéral lui impose de leur rendre leur liberté et de leur reconnaitre le droit de prendre la nationalité cherokee. Un traité est signé en 1866. Loin de tout régler, il est à l'origine d'un malentendu qui dure encore et qui s'est envenimé depuis quelques années.

Car certains descendants d'esclaves réclament toujours en vain d'être reconnus comme de vrais Cherokees. Ils se heurtent au refus d'une nation qui a, en la matière, les pleins pouvoirs mais qui est également soumises à de terribles pressions. L'an dernier, une élue de la Chambre des représentants est allée jusqu'à déposer un projet de loi qui prévoit la fin de la nation cherokee et donc la suppression des aides fédérales versées à sa population soupçonnée d'être animée de préjugés racistes.

Tout cela peut paraître bien loin de l'élection du prochain président. Mais est-ce si évident? On peut aussi voir beaucoup de choses dans ce bras de fer entre deux minorités victimes de l'histoire américaine. On peut y distinguer un symbole des fantômes qui hantent le passé de ce pays. On peut aussi y deviner la façon dont fonctionne cette société qui a la manie de classifier sa population. Cela lui permet sans doute de diagnostiquer plus facilement les problèmes inter-ethniques qu'elle rencontre. Mais cela peut aussi les cristalliser jusqu'à l'absurde lorsqu'il devient compliqué de faire entrer dans une catégorie tout un groupe d'Américains.


http://indiana.blogs.liberation.fr/indiana/2008/11/tina-turner-jim.html?cid=137473453#comment-137473453

http://fr.youtube.com/watch?v=_txH0HJMIYU