vendredi 22 février 2019

#MeToo Will Not Survive Unless We Recognize Toxic Femininity

Sometimes I wish I could gather up all the women I’ve ever known, or encountered, and conduct this informal poll:
Raise your hand if you’ve ever behaved badly and blamed it on your period.
Raise your hand if you’ve ever acted helpless in the face of an unpleasant-if-not-physically-demanding task like dealing with a wild animal that’s gotten inside the house.
Raise your hand if you’ve ever coerced a man into sex even though he didn’t seem to really want it.
Raise your hand if you’ve thought you were at liberty to do this coercing because men “always want it” and should feel lucky any time they get it.
Raise your hand if you’ve ever threatened to harm yourself if a man breaks up with you or doesn’t want to see you anymore.
Raise your hand if you’ve been physically abusive with a male partner, knowing you’d be unlikely to face any legal consequences.
Raise your hand if you’ve lied about being on birth control, or faked a pregnancy scare, to see how a man would respond.
Raise your hand if you’ve ever manipulated a divorce or child custody dispute in your favor by falsely insinuating that a man has been abusive toward you or your child.
In this hypothetical gathering of every woman I’ve ever known or encountered (I’m imagining a football stadium at decent capacity), I’m certain there is not a single one of these questions that, if answered honestly, wouldn’t send hands into the air. Including my own. I know I’m guilty on the pest control front. I don’t want to think too hard about some of the others.
We hear all too much about toxic masculinity, that amorphous term that refers to the way traits like aggression and emotional repression are baked into male social norms. It also frequently shows up in online feminism as lazy shorthand for registering disapproval of just about anything men do at all. But when are we going to grant equal rights to women and admit that toxic femininity also exists and can be just as poisonous?
(...)
https://medium.com/s/powertrip/metoo-will-not-survive-unless-we-recognize-toxic-femininity-6e82704ee616

dimanche 3 février 2019

Günther Anders : L’obsolescence de l’Homme

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.
L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.
L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »

Günther Anders, « L’Obsolescence de l’homme », 1956