mercredi 24 avril 2013

Pierre Jourde du Nouvel Obs : “Israël est un coupable idéal”



Les Palestiniens sont victimes d’une injustice inacceptable. Soit. Depuis soixante ans, sans relâche, les médias du monde entier se focalisent sur ce conflit. On se dit tout de même que la rentabilité injustice/information est très faible, si l’on ne considère que le rapport entre le nombre de morts et la quantité de papiers et d’images déversés sur le monde en général, et les masses arabes en particulier. Même rentabilité faible si l’on prend en compte la quantité de personnes concernées, importante certes, mais moins qu’en d’autres lieux de la planète.
Quant aux atrocités commises, n’en parlons pas, une plaisanterie. Au nombre de morts, de réfugiés, d’horreurs, il y a beaucoup mieux, un peu partout. Remarquons, à titre d’apéritif, qu’avec la meilleure volonté du monde, Tsahal aura du mal à exterminer autant de Palestiniens que l’ont fait, sans états d’âmes, les régimes arabes de la région, notamment la Syrie, le Liban et la Jordanie, qui n’en veulent pas, eux non plus, des Palestiniens, et qui ont peu de scrupules humanitaires lorsqu’il s’agit de s’en débarrasser.
Mais Israël est un coupable idéal, non seulement dans nos banlieues, mais en Europe en général. Nous le chargeons de toute notre mauvaise conscience d’anciens colonisateurs. Une poignée de Juifs qui transforme un désert en pays prospère et démocratique, au milieu d’un océan de dictatures arabes sanglantes, de misère, d’islamisme et de corruption, voilà un scandale. Il faut donc bien que cela soit intrinsèquement coupable, sinon où serait la justice ?
L’injustice est avant tout israélienne. Ce n’est même pas un fait, c’est une métaphysique. Cent chrétiens lynchés au Pakistan valent moins, médiatiquement parlant, qu’un mort palestinien. Pourquoi l’injustice commise envers les Palestiniens reçoit-elle vingt fois plus d’écho que celle faite aux Tibétains, aux Tamouls, aux chrétiens du Soudan, aux Indiens du Guatemala, aux Touaregs du Niger, aux Noirs de Mauritanie ? Y a-t-il plus de gens concernés, plus de sang versé, une culture plus menacée dans son existence ? En fait, ce serait plutôt l’inverse. Que la Papouasie soit envahie par des colons musulmans qui massacrent les Papous et trouvent, en plus, inacceptable de voir les rescapés manger du cochon, voilà qui ne risque pas de remporter un franc succès à Mantes la Jolie.
Que des sales Nègres, considérés et nommés comme tels, soient exterminés par des milices arabes au Darfour, les femmes enceintes éventrées, les bébés massacrés, voilà qui ne soulève pas la colère des jeunes des cités. Et c’est dommage : si l’on accorde des circonstances atténuantes à un jeune Français d’origine maghrébine qui s’en prend à un Juif à cause de la Palestine, alors il serait tout aussi logique de trouver excellent que tous les Maliens, Sénégalais ou Ivoiriens d’origine s’en prennent aux Algériens et aux Tunisiens.
Voilà qui mettrait vraiment de l’ambiance dans nos banlieues. Le racisme franchement assumé des Saoudiens ou des Emiratis envers les Noirs, les Indiens ou les Philippins, traités comme des esclaves, ne soulève pas la vindicte de la tribu Ka, ni des Noirs de France. La responsabilité directe des Africains dans la traite des Noirs n’induit pas des pogroms de guinéens par les Antillais. Pourquoi seulement Israël ? À moins que la haine d’Israël ne soit que le paravent du bon vieil antisémitisme ; mais non, cela n’est pas possible, bien entendu.
Israël, 20.000 km2, 7 millions d’habitants, dont 5 millions de Juifs, est responsable du malheur des Arabes, de tous les Arabes, qu’ils soient égyptiens, saoudiens ou français. Israël est l’Injustice même. En le rayant de la face du globe, en massacrant les Juifs, on effacerait l’injustice. C’est bon, de se sentir animé par une juste colère. C’est bon, d’éprouver la joie de frapper et de persécuter pour une juste cause. Voilà pourquoi il ne faut pas dire aux “jeunes des cités” que les deux millions d’Arabes israéliens ont le droit de vote, élisent leurs députés librement.
Ne leur dites pas qu’Israël soutient financièrement la Palestine. Ne leur dites pas que des milliers de Palestiniens vont se faire soigner dans les hôpitaux israéliens. Ne leur dites pas que l’université hébraïque de Jérusalem est pleine de jeunes musulmanes voilées. Ne leur demandez pas où sont passés les milliers de Juifs d’Alexandrie. Il en reste trente aujourd’hui.
Ne leur demandez pas ce qu’il est advenu de tous les Juifs des pays arabes. Ne leur demandez pas s’ils ont le droit au retour, eux aussi. Ne leur demandez pas quelle est la société la plus “métissée”, Israël ou la Syrie. Ne leur dites pas que, s’il y a de nombreux pro-palestiniens en Israël, on attend toujours de voir les pro israéliens dans les pays arabes.
Ne leur dites pas que le négationnisme ou l’admiration pour Hitler ne sont pas rares dans les pays arabes ; que, lorsqu’il s’est agi d’illustrer les différentes cultures par leurs grands textes, la bibliothèque d’Alexandrie a choisi d’exposer, pour le judaïsme, le Protocole des Sages de Sion ; que ce ‘faux’ antisémite est largement diffusé dans les pays arabes.
Ne leur dites pas que, du point de vue des libertés, de la démocratie et des droits de l’homme, non seulement il vaut mille fois mieux être arabe en Israël que juif dans un pays arabe, mais sans doute même vaut-il mieux être arabe en Israël qu’arabe dans un pays arabe. Ne leur dites pas qu’Alain Soral, du Front national, qu’ils détestent tant, est allé manifester son soutien au Hezbollah, qu’ils admirent si fort. Si on leur enlève la méchanceté d’Israël, que deviendront ceux d’entre eux qui s’en prennent aux feujs, sinon des brutes incultes, bêtement, traditionnellement antisémites ?
Il ne faut pas désespérer Montfermeil. Mais après tout, on peut tout de même essayer de leur dire tout cela sans trop de risque. Ils traiteront l’informateur de menteur, d’agent du Mossad, de représentant du lobby sioniste ou de raciste. Ils auront raison. Pourquoi se défaire de la commode figure du Croquemitaine responsable de toute la misère du monde ? Elle évite de s’interroger sur ses propres insuffisances.

mardi 23 avril 2013

En entreprise, les râleurs sont meilleurs


 Le Monde
On ne se réjouira jamais assez de cette formidable étude tout juste publiée par Leadership IQ, un cabinet de conseil d'Atlanta aux Etats-Unis. Les employés qualifiés de très engagés, prêts à se donner à 100 % pour leur entreprise, satisfaits de tout et en particulier de leur chef, sont aussi les plus mauvais. Leurs performances les situent dans le troisième groupe défini par Leadership IQ, celui des faibles. En revanche, les râleurs, les jamais contents, ceux qui en veulent toujours plus, sont au contraire les meilleurs.
Cette dernière catégorie doit-elle se réjouir de cette étude ? Au risque d'oublier de râler, et de perdre en compétitivité ? Sûrement pas. Il ne faudrait en effet pas conclure de l'étude qu'être performant implique d'être râleur. La relation n'est pas symétrique, au sens mathématique du terme. On peut être très impliqué, très motivé et aussi ultra-compétent.
Le problème est que, statistiquement, ces personnes dotées de toutes les qualités, c'est-à-dire efficaces, motivées, satisfaites, sont peu nombreuses car peu d'employeurs savent adopter un comportement adéquat à leur égard.
Les plus compétents quittent l'entreprise ou deviennent maussades car ils souffrent que leur travail ne semble pas apprécié à sa juste valeur. Il est conforme aux attentes de leurs supérieurs hiérarchiques qui ne leur manifestent donc aucune reconnaissance.
Les compétents voient en outre d'un très mauvais œil que les médiocres soient jugés à la même enseigne, ne serait-ce que parce que souvent les "bons" ont mis la main à la pâte pour compenser les défaillances de leur collègue. Il arrive même que ces derniers soient encouragés, pour les inciter à s'améliorer. Ils sont tellement dévoués ! Un comble !
A tel point que "les mauvais ne réalisent même pas qu'ils le sont", indiquent les auteurs de l'étude. Ce qui ne fait que redoubler la frustration des "bons", qui se retrouvent à devoir travailler en équipe avec des personnes beaucoup moins efficaces, mais non reconnues comme telles.
Faute de savoir identifier ces erreurs de management, l'entreprise perd ses meilleurs éléments et diminue ses chances d'en attirer d'autres. Car si les "mauvais" n'hésitent pas à recommander l'entreprise à leurs amis et proches comme étant une société où " il fait bon travailler", les performants adoptent l'attitude inverse. Ils véhiculent une piètre image de la société.
Les mauvais esprits argueront que l'étude ne dit pas non plus que tous les râleurs sont forcément des ultra-compétents méconnus et qu'il peut y avoir aussi des nuls parmi eux. Nous préférons ne pas y penser !

lundi 15 avril 2013

Gaspard Proust

"La France c'est le seul pays où t'es fier de gagner le smic, rouler en kangoo et bouffer chez Flunch."

mardi 2 avril 2013

Devenir espagnol sera plus difficile

Nombreuses sont les promesses de campagne que le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, n'a pas tenues, principalement sur le plan économique, estime le journal en ligne InfoLibre.
Mais il y en a une qui avance : celle qui prévoit le durcissement des conditions à remplir pour obtenir la nationalité espagnole. "D'après l'avant-projet de loi, les étrangers devront démontrer leurs connaissances de la langue et des coutumes espagnoles, ainsi qu'un degré suffisant d'intégration à la société espagnole", précise InfoLibre. Le projet permettra aussi la perte de la nationalité pour des raisons de sécurité nationale ou d'ordre public.

lundi 1 avril 2013

Des études montrent que les femmes sont loin d'être solidaires entre elles au travail


La cour de récré s'invite dans les bureaux.En adéquation avec ce que beaucoup imaginent, les femmes sont loin d'être solidaires entre elles au travail. Et le phénomène ne date pas d'hier.
Déjà dans les années 1970, les chercheurs de l'Université américaine du Michigan Graham Staines, Toby Epstein Jayaratne et Carol Tavris s'intéressent à l'impact des femmes sur la promotion des salariés dans les bureaux. Ils découvrent alors que les femmes qui réussissent dans des secteurs d'habitude dominés par les hommes s'opposent très souvent aux succès d'autres femmes, ou quand la femme est un loup pour la femme au bureau, ce qu'ils appellent le "Queen Bee Syndrome".
Les chercheurs justifient ce comportement par la culture patriarcale du travail : comme les hommes, les femmes qui arrivent à se hisser au sommet d'une entreprise deviennent obsédées par l'idée de rester au top, et pour cela, rien de mieux que d'écraser ses concurrents, plus particulièrement ses concurrentes, d'autant plus que les places à responsabilités pour les  femmes semblent limitées. Le classement du magazine Fortune des 500 premiers PDG ne contient en effet que 2% de femmes. Ces mesdames pensent donc que les autres femmes risquent de prendre leur place, et non pas de "voler" l'une des nombreuses occupées par des hommes.
Une étude réalisée en 2007 sur 1 000 salariés américains indique ainsi que 45% des sondés avaient déjà été tyrannisés au travail. Quant aux tyrans, 40% d'entre eux seraient des femmes. Une autre étude, réalisée trois ans plus tard par le Workplace Bullying Institute, montre quant à elle que les femmes qui tyrannisent les autres salariés au bureau dirigent directement leur haine contre leurs pairs 80% du temps quand les hommes sont plus "équitables" et s'en prennent aussi bien aux messieurs qu'aux dames. Une étude encore plus récente datant de 2011 a trouvé que 95% des femmes pensaient avoir été à un moment ou à un autre dans leur carrière sapées par une autre femme. Les études s'accumulent sur le sujet mais rien ne change.
Et si les hommes s'en prennent bien évidemment également à la gent féminine, les femmes sont bien plus vicieuses lorsqu'elles veulent miner la crédibilité d'autres femmes. Elles connaissent en effet mieux leurs faiblesses et savent donc où le bât blesse. Entre ragots qui abîment l'égo et démolissent une carrière, et piques envoyées l'air de rien, les lieux de travail peuvent se transformer en véritables terrains de jeu pour adultes chipies.
Mais les chefs de la gent féminine ne sont pas les seules fautives. Les femmes travaillant pour une "femme alpha" n'apprécient en effet pas toujours cette situation et peuvent rechigner à faire le travail, et donc moins respecter leurs supérieures juste parce qu'elle n'a pas tous les attributs masculins.
La difficulté tient également au fait qu'on attend d'une femme qu'elle soit plus douce, plus à l'écoute, plus gentille. Or, ce ne sont généralement pas ces qualités qui lui ont permis d'arriver aux plus hautes responsabilités. Autant dire que si c'est de plus en plus facile pour les femmes d'arriver aux plus hauts postes au travail, cela reste toutefois toujours compliqué. Et compter sur ses pairs n'est pas vraiment la solution.
(...)

 http://www.atlantico.fr/decryptage/femme-est-elle-loup-pour-femme-au-bureau-vivianne-beaufort-670350.html#woXWuS2t4xGzdhUo.99