mercredi 26 décembre 2012

Les musulmans en colère contre la nationalité espagnole pour les Juifs


Le gouvernement espagnol a annoncé qu’il allait accorder automatiquement la citoyenneté aux Juifs d’origine séfarade, dont les ancêtres ont été expulsés d’Espagne en 1492. Une liste de 5000 patronymes juifs a été publiée : toutes les personnes portant ce patronyme (avec tout de même d’autres conditions) peuvent demander la citoyenneté.
Al-Alandalus-carte
La mesure a été bien accueillie par les groupes juifs, qui disent que ce geste politique est attendu depuis longtemps et qu’il représente un droit historique des Juifs.
Mais les groupes musulmans réclament désormais la réciprocité, et demandent que le gouvernement espagnol accordent la citoyenneté instantané à des millions de descendants des musulmans qui ont été expulsés d’Espagne au Moyen Age.
Le soi-disant droit au retour des Juifs séfarades a été annoncé à Madrid le 22 Novembre par le ministre de la Justice espagnol, Alberto Ruiz-Gallardón, et le ministre des Affaires Etrangères, José Manuel García-Margallo.
Selon la législation espagnole en vigueur, les Juifs séfarades bénéficient déjà d’une procédure de naturalisation préférentielle qui leur permet de demander la nationalité espagnole après avoir vécu en Espagne pendant deux ans seulement, un privilège qui est également à la disposition des citoyens des anciennes colonies espagnoles en Amérique latine et ailleurs.
Ce changement signifie que les Séfarades – où qu’ils vivent dans la diaspora – devront présenter une accréditation de la Fédération espagnole des communautés israélites (FCJE), un groupe de coordination juive, confirmant leur ascendance et demander un passeport espagnol.
L’offre de l’Espagne ne s’applique qu’à ceux qui s’identifient comme Juifs. Il ne s’applique pas aux Séfarades Anousim (anousim en hébreu signifie «sous la contrainte»), les descendants de Juifs qui ont été imposées par l’Inquisition espagnole à se convertir au catholicisme (ils sont parfois aussi appelé crypto-juifs ou marranes). Les Anousim laïcs doit suivre une formation religieuse de la FCJE et subir une conversion formelle au judaïsme avant de pouvoir obtenir la nationalité espagnole.
Le gouvernement espagnol n’a pas d’estimation sur le nombre de Juifs qui s’apprêtent à demander à citoyenneté. Mais sur la période de 2006 à 2010, ils n’étaient que 698 à l’avoir fait. Il y a environ trois millions de Juifs sépharades dans le monde aujourd’hui. La plupart vivent en Israël, aux États-Unis, en Belgique, en Grèce, en France et en Turquie, mais il y a aussi d’importantes communautés en Amérique latine, notamment en Argentine, Brésil, Chili, Mexique et Venezuela.
Pas plus de 45.000 Juifs vivent actuellement en Espagne – sur une population totale de 47 millions d’Espagnols – ce qui ne représente qu’une fraction du nombre de Juifs qui vivaient dans le pays avant 1492, quand ils ont été forcés de se convertir au catholicisme ou de s’exiler.
L’édit d’expulsion, publié le 31 Mars 1492 par les Rois Catholiques d’Espagne (Isabelle Ire de Castille et Ferdinand II d’Aragon), et également connue sous le nom de Décret Alhambra, a ordonné aux Juifs de quitter les royaumes de Castille et d’Aragon, et leurs territoires et possessions, au 31 de Juillet de la même année.
On estime que jusqu’à 800.000 Juifs ont quitté l’Espagne à la suite de ce décret. 50.000 autres ont choisi d’éviter l’expulsion en se convertissant au catholicisme romain.
L’Espagne a commencé à accorder la citoyenneté aux Juifs séfarades – sur une base individuelle, et non pas en masse – en 1988, lorsque le gouvernement de Felipe González a modifié le Code civil espagnol. Ces concessions ont été interrompus en 2009 par le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero, mais la procédure a été reprise et modifiée par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
Juste une semaine après l’annonce du droit au retour des Juifs séfarades, l’Espagne a voté en faveur de l’amélioration du statut de l’Autorité palestinienne à l’ONU. Ce qui fait dire aux commentateurs que le vote de l’Espagne s’est fait « avec pour bonne justification le « cadeau » aux Juifs ».
D’autres disent que le gouvernement espagnol cherche à attirer les Juifs pour « remédier aux problèmes économiques du pays ».
Quelques jours à peine avant d’accueillir les Juifs séfarades de retour en Espagne, le gouvernement a annoncé le 19 Novembre qu’il offrirait des permis de résidence (soit l’équivalent d’une carte verte américaine) aux étrangers qui achètent des maisons au prix de plus de 160.000 euros dans le cadre de ses efforts pour relancer un marché immobilier effondré.
Pendant ce temps, les musulmans exigent maintenant que le gouvernement espagnol subventionne automatiquement la citoyenneté à des millions de descendants des musulmans qui ont été expulsés d’Espagne au XVIIe siècle.
Une grande partie de la péninsule ibérique a été occupée par les conquérants musulmans connus comme les Maures, de 711 jusqu’en 1492, lorsque le royaume maure de Grenade s’est rendu à Ferdinand et Isabelle. Mais l’expulsion définitive musulmane de Grenade, connue en arabe comme Al-Andalus, n’a pas eu lieu jusqu’à ce que plus d’un siècle plus tard, à partir de 1609, le roi Philippe III décrète l’expulsion des Morisques.
Les Morisques étaient les descendants de la population musulmane qui s’est convertit au catholicisme sous la menace de l’exil de Ferdinand et d’Isabelle en 1502. De 1609 à travers 1614, le gouvernement espagnol a systématiquement forcé les 350.000 Morisques à quitter l’Espagne pour l’Afrique du Nord.
Aujourd’hui, il y a environ 5 millions de descendants des Morisques dans le seul Maroc, et des millions d’autres vivant en Algérie, Egypte, Libye, Mauritanie, Tunisie et Turquie.
Dans un essai publié 3 Décembre par le journal Correo Diplomático, le journaliste marocain Ahmed Bensalh Es-salhi a écrit que la décision « d’accorder la nationalité espagnole aux petits-enfants des Hébreux expulsés d’Espagne entre les XVe et XVIe siècles, tout en ignorant les Morisques, est sans aucun doute de la ségrégation et de la discrimination flagrante ». Selon lui, « Cette décision pourrait également être considérée par la communauté internationale comme un acte historique d’immoralité et d’injustice absolue … Cette décision est tout à fait honteuse et déshonorante. » Personne ne lui a rappelé que les Juifs n’ont jamais cherché à envahir l’Espagne. Ni à la mettre à terre. Mais à l’enrichir et à l’aider à se développer.
Bensalh ensuite de menacer l’Espagne : « L’Espagne est-elle consciente de ce qu’elle fait en faisant la paix avec les uns mais pas avec les autres ? Les Espagnols sont-ils au courant du prix à payer pour ces décisions gouvernementales ? L’Espagne a t-elle conscience que cette décision pourrait pourter un coup de massue aux investissement colossaux des musulmans sur son territoire ? Est-ce que l’Espagne a des solutions de rechange à l’investissement des musulmans si jamais ils décident de déplacer le capital vers d’autres destinations en raison de la discrimination contre les musulmans? « 
L’article Bensalh est la dernière salve dans une bataille menée par des historiens et des universitaires musulmans qui demandent que le traitement des Morisques soit mené sur le même principe que celui des Juifs.
Jamal Ben Ammar al-Ahmar, un « Andalous-algérien » professeur d’université à l’Université Ferhat Abbas de Sétif en Algérie, a été engagé dans une campagne de quatre ans pour convaincre le roi d’Espagne Juan Carlos d’identifier et de condamner ceux qui ont expulsé les musulmans à partir de Al-Andalus au XVe siècle. Al-Ahmar est aussi exigeant que des millions de Morisques expulsés d’Espagne seraient autorisés à y retourner.
Dans une lettre adressée à Juan Carlos, Al-Ahmar appelle à une « enquête historique et juridique complète des crimes de guerre qui ont été commis contre la population musulmane de l’Andalousie par les croisés français, anglais, européen et papaux, dont les victimes étaient nos pauvres personnes, après l’effondrement du régime islamique en Andalousie ».
La lettre parle de « l’injustice infligée à la population musulmane de l’Andalousie qui souffre encore en exil depuis 1492″.
Al-Ahmar veut que le monarque espagnol présentent des excuses « au nom de ses ancêtres » et à assume « la responsabilité pour les conséquences » que cela entraînerait. Il dit que c’est nécessaire« d’identifier les criminels, de condamner rétroactivement, et dans le même temps identifier et indemniser les victimes pour leurs tragédies ». Ce processus aboutira à « un décret qui permettra aux immigrants de retourner dans leurs foyers en Andalousie, et leur accordera la pleine citoyenneté et la restauration de toutes leurs propriétés ».
Le problème, c’est que ce qui est inacceptable dans l’Espagne d’aujourd’hui, le sera moins dans l’Espagne de 2050… Il est donc temps pour le gouvernement Espagnol de balayer avec violence ces demandes et d’expliquer une bonne fois pour toutes que les descendants des Maures n’auront jamais rien, si ce n’est peut-être des amendes pour avoir colonisé illégalement le pays pendant de trop nombreuses années !
Par Miguel Elasrof – JSSNews

jeudi 13 décembre 2012

Et si Napoléon avait triomphé en Russie ?

Toute l'année, la Russie a célébré le bicentenaire de la victoire de l'armée impériale sur celle de Napoléon. Mais pour un auteur russe, 1812 a plutôt été le moment historique où l'Empire russe a raté le coche du développement européen.


Les paysans, principaux ennemis de Napoléon

C'est alors que des problèmes apparurent en périphérie : au sud, avec l'Espagne, et à l'est, avec la Russie, où les innovations napoléoniennes semblaient tomber de la lune. Ces pays ne s'inscrivaient pas dans le projet européen moderne, mais le blocus continental de l'Angleterre ne pouvait fonctionner sans eux. L'empereur ne savait pas attendre. En Espagne, il décida de remplacer le roi [par Joseph, son frère, en 1808] et se trouva en butte à une rébellion. Curieusement, comme en Russie plus tard, ses principaux ennemis auront été les paysans incultes auxquels il apportait l'instruction, mais qui n'avaient cure du Code civil et voyaient avant tout en Napoléon un envahisseur et l'Antéchrist. Goya, pour sa part, l'avait peint en ogre.


(...)

Mais tout cela n'est qu'un regard importé sur le grand anniversaire que nous célébrons cette année. Côté russe, le principal problème n'a pas évolué, nous continuons à combattre le conquérant, comme le montre le choix de la bataille de Borodino comme jalon historique essentiel. Une quinzaine de pays européens ont choisi une autre voie, cessant le combat lorsque l'empereur est entré dans leur capitale. Cela leur a apporté un ensemble de lois civiles qui leur a par la suite évité de faire la révolution. Mais avec la Russie, cela n'a pas fonctionné. Napoléon arrivait entre autres pour abolir le servage et soulever les paysans, mais il n'a pas su comment faire. En Russie, le servage, que les Français qualifiaient tout simplement d'esclavage, n'était même pas fixé par des lois. Dans ces conditions, comment l'abolir ? Et comment instaurer un Code civil dans un pays où tout, de la paix à la guerre, dépendait des autocrates ? Après s'être cassé la tête sur tout cela durant un mois, alors que Moscou était dévoré par les flammes, l'empereur a pris le chemin du retour.
Et nous avons préservé toutes nos erreurs, pour lesquelles nous avions héroïquement combattu les troupes de Napoléon.(...)

http://www.courrierinternational.com/article/2012/12/12/et-si-napoleon-avait-triomphe-en-russie

vendredi 7 décembre 2012

Le cerveau a-t-il un sexe ?

Où on nous explique que les différences sont "limitées" mais que ça reste difficile à prouver...
Ben voyons...

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Le Point.fr : Que répondriez-vous au titre de votre livre ? L'homme et la femme ont-ils véritablement un cerveau différent ?

Jean-François Bouvet : Toutes les études, qu'elles soient réalisées post-mortem ou sur le sujet vivant, le confirment : il existe bien une différence physique. En effet, le cerveau de l'homme est, en moyenne, plus volumineux et plus lourd d'environ 150 grammes, que le cerveau de la femme. Et, d'une manière générale, ce ne sont pas les mêmes zones qui fonctionnent pour répondre à une tâche déterminée. Mais si les chercheurs sont aujourd'hui capables de reconnaître, en soumettant le cerveau à une IRM, s'il s'agit d'un homme ou d'une femme, les différences entre les deux restent néanmoins limitées. Ce qui est intéressant, c'est de savoir d'où elles viennent exactement - si elles ne sont pas uniquement liées à la corpulence générale de l'individu - et quel est le rôle joué par les hormones.
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C'est notamment grâce à ces échantillons plus importants qu'on a récemment découvert que les cerveaux évoluaient différemment à l'adolescence...

C'est, en effet, une découverte fondamentale. On assiste à un véritable "chantier cérébral" à cette période, où les zones ne se développent pas de la même façon chez le garçon et chez la fille - dont le cerveau est mûr environ deux ans plus tôt.

Les défenseurs du "déterminisme biologique ", comme la psychologue canadienne Doreen Kimura, n'ont donc pas complètement tort de parler de "cerveau sexué" ?

On sait aujourd'hui qu'il y a une certaine sexualisation du cerveau qui se manifeste très précocement. Dès le stade foetal, par exemple, les cortex diffèrent. Pour autant, les scientifiques se mènent une guerre sans merci concernant l'amplitude et l'origine de ces différences. D'un côté, des neuroscientifiques défendent l'idée d'un cerveau sexué, fruit d'un déterminisme biologique. De l'autre, les papesses des gender studies, affirment que les cerveaux masculins et féminins sont identiques à la naissance mais qu'ils sont façonnés ensuite par l'éducation. Les deux s'affrontent en se traitant d'idéologues. Or, la réalité est bien plus complexe.

Vous voulez dire qu'il est difficile de constater l'effet de ces différences biologiques sur le comportement des individus ?

Absolument. Même si on fait des découvertes passionnantes, il est encore très compliqué de démêler ce qui relève de l'éducation ou du déterminisme biologique. Les seuls domaines pour lesquels c'est relativement clair sont l'orientation spatiale et le langage. Le cortex s'épaissit nettement dans les zones qui stimulent le langage chez les filles. Or les garçons auront, eux, une couche plus épaisse dans les zones favorisant l'orientation.

Vous dénoncez les innombrables études biaisées sur le sujet, du genre "Frénésie de shopping avant les règles : la faute aux hormones !" Pourtant vous évoquez "le fonctionnement cyclique du cerveau féminin". Ne retombe-t-on pas dans la caricature ?

Pas du tout. Dire que le cerveau de la femme fonctionne de manière cyclique n'a rien de révolutionnaire. Ce qui l'est davantage, ce sont les découvertes des psychologues de l'université de Durham en Grande-Bretagne, qui ont réussi à montrer que le cerveau des femmes fonctionnait de façon asymétrique avant l'ovulation, mais de façon symétrique après. En gros, quand leurs taux d'hormones sexuelles sont au plus bas, les femmes traitent l'information, comme les hommes, avec leur hémisphère gauche. En revanche, après l'ovulation, quand les concentrations hormonales sont élevées, les deux hémisphères participent à nouveau de manière équilibrée. Mais, est-ce que ça change pour autant leur façon d'aborder les problèmes ? On ne sait pas encore.

Dans les années 1950, l'anthropologue américain Melford Spiro s'intéressa aux méthodes d'éducation novatrices "unisexes" mises en place dans les kibboutz en Israël. Et il eut la surprise de constater que, sans donner d'indications aux enfants, les garçons se dirigeaient spontanément vers les camions et les filles vers les poupées. Le naturel revient donc au galop ?

Jules Michelet n'avait peut-être pas complètement tort lorsqu'il affirmait que "si on donne à la petite fille le choix entre les jouets, elle choisira certainement des miniatures d'ustensiles de cuisine et de ménage". Les féministes ont eu beau monter au créneau, certaines ont été obligées de reconnaître que le conditionnement dès l'enfance ne fait pas tout. L'expérience a d'ailleurs été renouvelée sur des singes et a obtenu les mêmes résultats. C'est stupéfiant.


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http://www.lepoint.fr/societe/le-cerveau-a-t-il-un-sexe-07-12-2012-1546902_23.php

Les nouveaux nababs de Ramallah


Les nouveaux nababs de Ramallah
© Pauline Garaude

Des villas de luxe, des hôtels chic, des femmes qui arborent des sacs Vuitton... Une classe riche s’affiche sans complexe à Ramallah, donnant une autre image de la Palestine récemment "promue" État observateur à l’ONU.


Par Pauline GARAUDE (texte)
"En 2003, quand j’ai eu mon premier sac Gucci, personne ne savait ce que c’était. Aujourd’hui, mes amies s’arrachent ces griffes. Gucci, mais aussi Vuitton. Ramallah est en train de devenir comme Amman. Dans les taxis, les gens demandent au chauffeur de mettre Raya FM, une radio rock populaire. Ils ne veulent plus entendre parler de politique, ça les fatigue. La seule chose qui les préoccupe est l’état de leur portefeuille". C’est Dina Alladin qui le dit. Elle a 39 ans, lunettes Chanel plantées dans le brushing et Ipad à portée de main. Elle boit un verre au "lounge" de l’hôtel Mövenpick , un cinq étoiles de la métropole palestinienne, ouvert fin 2010. Le seul, pour l’instant, en Cisjordanie.
Journaliste à ses débuts, mutée au Qatar où elle a vécu six ans, Dina revient à Ramallah en 2009, embauchée par une banque qatarie nouvellement implantée. Elle est une incarnation parfaite de cette nouvelle élite, issue en majorité de la diaspora.  "À partir de 2008, l’aide internationale est montée en flèche, avoisinant les 750 $ (575 €) par habitant et par an. Parallèlement, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a lancé son programme de "paix économique", favorisant la coopération et les échanges commerciaux avec l’Autorité Palestinienne pour y stimuler une économie au ralenti depuis la deuxième Intifada. Une embellie qui a encouragé la diaspora à revenir au pays et à y investir. Dans la foulée, plusieurs banques émiraties ont décidé de s’implanter", note Samir Abdullah, économiste à l'Economic Policy Research Institute de Ramallah. C’est ce que certains ont appelé le "miracle" économique de Ramallah : La banque, l’immobilier, et l’hôtellerie – restauration sont des secteurs en plein boom avec près de 40 % de croissance en trois ans .

Accueillir les riches

Il suffit de se promener dans le quartier branché et animé de Teereh pour le vérifier. Tche Tche, Beit Aniseh, Orojoun, le Royal Court, Mövenpick… Au moins une dizaine de bars, hôtels et restaurants chics reçoivent désormais ces nouveaux riches qui affichent sans complexe leur aisance matérielle.

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http://www.france24.com/fr/20121206-nouveaux-nababs-ramallah-territoires-palestiniens-riches-luxe-cisjordanie

jeudi 6 décembre 2012

BRÉSIL • Trop blanc pour être SDF ?


Révélé via les réseaux sociaux, le destin d'un SDF brésilien à la peau blanche a ému nombre de Brésiliens. Les citoyens sont pourtant bien peu enclins à s'émouvoir face à la misère bien plus répandue des exclus à la peau noire. Du racisme ordinaire ?
Grand, les yeux bleux, enveloppé dans une couverture, Rafael Nunes, un ancien mannequin brésilien, est aujourd’hui connu comme le plus photogénique des mendiants de Curitiba (sud du Brésil). Il a attiré l’attention du monde entier après que sa photo et son histoire sont devenues très populaires sur Facebook et sur Twitter. Âgé de 30 ans, Rafael Nunes s’est retrouvé à la rue à cause de sa dépendance à la cocaïne. Son histoire s’est retrouvée sur les réseaux sociaux lorsque Indy Zanardo, une touriste, a été approchée par le mendiant qui lui a demandé si elle pouvait le prendre en photo.

Elle a publié la photo en question sur Facebook et a expliqué : "Cet homme m’a acostée dans les rues de Curitiba et m’a demandé si je pouvais le prendre en photo. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu : 'pour la publier "à la radio", qui sait je pourrais devenir célèbre'. "Je ne peux pas faire passer l’image à la radio, mais je peux la publier sur Facebook et il deviendra célèbre parmi mes amis".

Mises à part les réactions concernant son beau physique et sa triste histoire de dépendance à la cocaïne, cette photo a lancé un débat au sujet du racisme dans la société brésilienne qui s’indigne uniquement devant des cas d’exclusion sociale lorsque les victimes sont blanches et d’allure européenne. Bien que la société brésilienne soit l’une des plus diverses du monde en termes ethniques, la partie supérieure de la pyramide socio-économique est largement occupée par des Blancs et la plupart des indicateurs sociaux relatifs à l’éducation, à l’accès aux soins et au marché du travail privilégient cette tranche de la population.

Pas de mendiant blanc dans l'inconscient collectif

Le blogueur Robson Fernando Souza soutient que les réactions n’auraient pas été les mêmes s’il s’était agi d’un mendiant afro-brésilien. "En d’autres termes, écrit-il, "il n’est pas acceptable dans notre société qu’une personne d’aspect européen vive à la rue et dans la misère.
Pour nous, les Blancs méritent mieux que ça, alors qu’un SDF noir en train de mendier paraît normal. Ce point de vue est déjà ancré dans notre conception du monde".

Fatima Tardello, du blog Blue Voador, considère que les standards brésiliens en matière de beauté reposent uniquement sur des critères propres aux Blancs (peau claire, yeux bleus, cheveux lisses). Selon elle, c'est un signe évident et toutefois largement ignoré par la société qu’il existe une perception hiérarchique des différentes ethnies au Brésil. "Sur les réseaux sociaux, des personnes se sont dites choquées qu’un homme blanc et beau puisse être contraint à mendier et beaucoup ont même imaginé qu’il devait s’agir d’une mise en scène à des fins commerciales. Est-ce que quelqu’un s’est demandé pourquoi les gens étaient aussi surpris" ? lance la blogueuse.

Les mendiants noirs, c'est normal...

Ce refus de voir le problème se traduit dans les discussions sur Twitter : elles se sont principalement centrées sur le fait que Rafael Nunes appartient aux podiums de mode et non à la rue. En effet, très peu ont relevé les questions qui se posent lorsqu'un SDF blanc aux yeux bleus fait sensation alors que des milliers de Noirs et de personnes de couleur vivent en marge de la société sans que personne ne s’en offusque. Sur Twitter, la journaliste Jéssica Batista (@jessicabatistaa) relève l’ironie de la situation : "le mendiant de Curitiba est entré en désintoxication. Cool. Mais tout le monde avait pitié parce qu’il est blanc aux yeux bleux… Bravo !"

C’est évidemment une bonne chose que les réactions des internautes aient mis en lumière la situation dramatique de Rafael Nunes, lui permettant peut-être de prendre un nouveau départ. Mais alors que la plupart du temps, les gens ignorent complètement ce genre de drames, Fatima Tardella et d’autres soulignent combien la vigueur de ces réactions traduit un sérieux problème social.
Chacun semble avoir historiquement accepté que pauvreté et ethnie soient intrinsèquement liées. Par conséquent, cette pauvreté est devenue "acceptable" pour une personne d’une communauté noire, au lieu d’être perçue comme le produit de siècles d’exclusion sociale et de politiques exercées par un État qui n’a commencé que récemment à prendre en considération les questions d’ethnies et d’inégalités. Et pourtant, plus de 51% de la population est d’origine africaine.

Interview de Rafael Nunes sur une chaine de télévision brésilienne :

mardi 4 décembre 2012

Palestina: un ouvrage historique de 1695. Surprise, il n’existait pas de « peuple palestinien ». Gaza était 50% juif et 50% chrétien


Voici un article de Raphael Aouate que nous avons publié le 20 mai 2009, concernant un livre, « Voyage en Palestine », écrit en 1695 par Hadrian Reland sur la population qui composait alors le pays.
A une époque où il est de bon ton de remettre constamment en question la légitimité juive en Israël, la découverte d’un ouvrage historique capital sur cette question, écrit au XVII ème siècle, apporte un nouvel éclairage de la plus haute importance.
« Voyage en Palestine », est le titre d’une œuvre écrite en 1695, par Hadrian Reland, cartographe, géographe, philologue et professeur de philosophie hollandais.
Le sous-titre de l’ouvrage, rédigé en Latin, s’intitule : « Monumentis Veteribus Illustrata ». Editée en 1714 aux Editions Brodelet, cette belle histoire commence de façon quasi anecdotique, dans un rayon d’une librairie de Budapest, qui renferme des antiquités littéraires, dont une partie concerne le judaïsme : d’anciennes reliques, usées par le temps mais de grande valeur historique (et monétaire), parfois manuscrites, probablement dérobées, issues d’anciennes synagogues. Cette pièce peut aujourd’hui être consultée à l’Université de Haïfa et sur Google.
L’auteur de cet ouvrage, l’un des premiers orientalistes, connaissait les langues hébraïque, arabe et grecque (ancien).
En 1695, Relandi (ou Reland) est envoyé en voyage d’études en Israël, en Palestine d’alors, pour un objectif bien spécifique : recenser plus de 2500 lieux (villes et villages) apparaissant dans le texte du Tanah (Bible) ou de la Michna, dans leur appellation originelle.
A chaque fois, Reland y mentionne le nom hébraïque tel qu’il apparaît dans le texte et le verset exact auquel il se réfère. Reland y fait également figurer son équivalent en Latin-Romain ou Grec ancien. Outre ce remarquable travail linguistique, l’auteur opère surtout un recensement de l’époque, pour chaque localité visitée : d’abord une considération d’ordre général spécifiant que la terre d’Israël d’alors est pratiquement déserte, très peu peuplée.
La majorité de ses habitants se concentre alors dans les villes de Jérusalem, Acco (Acre), Tsfat (Safed), Yafo, Tveria (Tibériade) et Aza (Gaza).
Surtout, le constat établi par le géographe conclut à une présence dominante de Juifs sur cette terre, quelques Chrétiens et très peu de Musulmans, dont la plupart étaient des Bédouins.
Quelques remarques extraites de cette passionnante étude :
  • Aucune localité d’alors ne propose de nom ou de source arabe
  • La grande majorité de ses villes ou villages possède un nom hébreu, quelques-uns en Grec ou Latin-Romain
  • Pratiquement aucune ville qui possède aujourd’hui un nom en arabe n’en possédait à l’époque : ni Haïfa, ni Yafo, ni Naplouse (Shehem), Gaza ou Djénine.
  • Il n’y a aucune trace dans les recherches de Reland de sources historiques ou philologiques établies aux noms arabes, plus tardifs, de Ramallah, Al Halil (Hébron) ou Al Qods (Jérusalem)
  • En 1696, Ramallah s’appelle “Beteïlé” (du nom hébreu “Bet El”)
  • Hévron s’appelle … Hévron et Méarat Hamahpéla (Caveau des Patriarches) : Al Halil, du nom donné à Avraham Avinou en arabe.
  • La plupart des villes étaient composées de Juifs, à l’exception de Naplouse (Shehem) qui comptait 120 personnes issues d’une même famille musulmane, les “Natashe”, ainsi que 70 Samaritains
  • A Nazareth, en Galilée, une ville entièrement Chrétienne : 700 Chrétiens.
  • A Jérusalem, plus de 5000 habitants, dont la plus grande majorité est juive, et quelques Chrétiens.
Reland n’évoque que quelques familles bédouines musulmanes isolées, composées d’ouvriers temporaires saisonniers, dans les domaines de l’agriculture ou de la construction.
A Gaza, près de 550 personnes, 50% de Juifs et 50% de Chrétiens. Les Juifs étaient essentiellement spécialisés dans l’agriculture : la vigne, les olives et le blé (Goush Katif). Les Chrétiens s’occupant davantage de commerce et transport des différents produits de la région
Tibériade et Safed étaient des localités juives.
On sait surtout que la pêche du Lac de Tibériade constituait le principal emploi de l’époque.
Une ville comme Oum El Fahem par exemple était complètement chrétienne : 10 familles.
L’une des conclusions qui découle de ces recherches est la contradiction définitive et rédhibitoire apportée aux arguments arabes, à savoir l’affirmation d’une légitimité palestinienne ou même d’un « peuple palestinien ».
On en veut pour preuve le fait même qu’un nom latin, celui de « Palestine », ait été repris à son compte par le camp arabe.
http://www.dreuz.info/2012/12/article-31660511/

L'amère patrie

Le Monde
(...)
La bonne nouvelle pour ces impats qui broient du noir arrive sous la forme d'une courbe sinusoïdale projetée sur grand écran. Après des hauts (la lune de miel de l'arrivée) et des bas (le contrecoup du retour), la réadaptation à la vie française prendrait un an en moyenne. Mais la règle n'a rien de mathématique, comme peut en témoigner Jean-François Scordia. Fuyant "le stress de Manhattan" où il travaillait dans l'hôtellerie, ce Breton aspirait à un rythme de vie plus paisible dans sa région natale. Mais, mois après mois, le rêve du retour aux sources a viré au cauchemar. En 2004, au bout de trois ans sans emploi, la confiance en berne et les finances à sec, il doit repartir aux Etats-Unis en catastrophe, avec son jeune fils et sa femme américaine, méditant amèrement le vieux diction "Nul n'est prophète en son pays". Lui qui avait enchaîné les postes à responsabilités dans les adresses les plus courues de New York doit revoir ses ambitions françaises à la baisse : "A l'ANPE, c'est tout juste s'ils ne m'ont pas proposé de devenir serveur. Je leur ai pourtant dit que j'avais eu jusqu'à soixante employés sous mes ordres." Avec ses phrases truffées d'anglicismes et son style très direct, "à l'anglo-saxonne", Jean-François Scordia se heurte au scepticisme des banques et des employeurs potentiels. Personne ne semble croire à la réalité de son rêve américain : "Quand je leur parlais de chiffres d'affaires de 10 millions de dollars pour un restaurant, ils pensaient que je racontais des bobards. Pour moi, c'est le signe d'un pays qui pense petit. On dirait qu'il y a une peur de progresser et de grandir."
Par frilosité et conservatisme, la France se prive-t-elle de tous ces talents extérieurs qui ramènent dans leurs bagages des idées nouvelles et un regard neuf sur leur vieux pays ? 
C'est le sentiment de bon nombre d'impats, frustrés de constater le faible intérêt que suscite leur expérience à l'étranger. Ces derniers ne servent pas toujours leur cause en entonnant un peu trop systématiquement le sempiternel refrain du "c'était mieux ailleurs" si exaspérant aux oreilles de leurs compatriotes restés dans l'Hexagone, c'est-à-dire l'immense majorité. Cela étant, les Français émigrent de plus en plus. Leur nombre à l'étranger est aujourd'hui estimé à 2,5 millions. D'où peut-être la nécessité d'aider un peu plus tous ceux qui le souhaiteraient lorsqu'ils rentrent au pays... D'ailleurs, combien sont les impatriés ? Nul ne le sait réellement, en l'absence d'un outil statistique fiable recensant ce type de mouvements migratoires. Difficile du coup de mesurer l'impact de la crise. En 2008, les médias avaient fait grand cas du retour piteux des cow-boys de la finance fuyant Londres, New York et Francfort pour venir panser leurs plaies en France, parfois aux frais de la République. Mais rien n'indique un mouvement massif de repli sur les bases françaises pour cause de crise mondiale. "Tant que le chômage est à 10 %, je n'imagine pas un rush. Le chômage des jeunes, en particulier, est très élevé ici malheureusement", analyse Hélène Conway-Mouret, la ministre des Français de l'étranger.
Rien ne vaut le vécu. Après vingt-cinq ans passés en Irlande, cette ancienne universitaire de l'Institut de technologie de Dublin est plus sensibilisée que ses prédécesseurs à la problématique de l'impatriation : bien que ministre, elle doit ferrailler avec l'administration française pour obtenir la carte grise de sa Peugeot 406 ramenée d'Irlande. Et cherche à convaincre ses collègues du gouvernement (notamment de l'Intérieur, de l'Education nationale, des Affaires sociales) de la nécessité de déverrouiller les "points de blocage" qui compliquent la réinsertion :"Pour moi, la mobilité, ça se passe dans les deux sens. Vous partez, c'est très bien, vous servez la France à l'étranger. Quand vous revenez, on doit vous montrer que l'on valorise ce que vous avez acquis. On a un guichet pour sortir, on peut bien avoir un guichet pour rentrer !"
Si beaucoup d'impats se désolent de l'état dans lequel ils ont retrouvé leur pays, d'autres apprécient les avantages qu'offre encore notre "chère" République avec d'autant plus de force qu'ils en ont été privés durant des années. C'est le cas de Louisa Zanoun, historienne et chercheuse en poste à la London School of Economics (Londres), puis à l'université Concordia (Montréal). Cette fille de harkis, qui se voit comme "un pur produit de l'école républicaine", tenait absolument à scolariser sa fille, aujourd'hui âgée de 8 ans, dans un établissement français. Rentrée en juillet 2010 après douze ans à l'étranger, elle a redécouvert "un rapport à la culturequ'elle ne trouvait pas au Canada. Aujourd'hui, cette Montreuilloise d'une quarantaine d'années s'émerveille du goût hexagonal pour le débat : "Les gens sont intéressés par ce qui se passe dans la sphère publique. En France, tout le monde a une opinion sur quelque chose."
Un contraste bienvenu, selon elle, avec les sujets de conversation passe-partout choisis pour ne fâcher personne dans les pays anglo-saxons. Louisa Zanoun n'ignore pas les travers nationaux, et particulièrement parisiens. Elle cite pêle-mêle l'agressivité, le manque de savoir-vivre et de courtoisie, les rapports sociaux tendus, l'incivisme... Mais les bruits de la comédie humaine à la française lui arrivent désormais avec un son étouffé : "Je regarde tout ça avec une sorte de détachement. Celui que j'avais à l'étranger et que j'ai gardé." Son long séjour hors du bocal national a été pour Louisa Zanoun comme un détour anthropologique qui lui a fait considérer les choses sous un autre angle.
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dimanche 2 décembre 2012

C’est mon genre, c’est mon choix


Ce texte, préface à La Querelle du genre de Christian Flavigny, est la propriété des Presses Universitaires de France (PUF).
Nietzsche voyait dans la lutte des femmes pour l’égalité des droits « un symptôme de maladie ». Son diagnostic sur ce qu’il nommait alors« l’éternelle guerre entre les sexes », voire « la haine mortelle des sexes »1paraîtra sans doute excessif ; il est en réalité insuffisant. Car ce n’est plus de guerre entre les sexes et de haine des sexes dont il est question dans lesgender studies ou « études de genre », mais de guerre contre le sexe et de haine du sexe, qu’il soit masculin ou féminin. Comme si l’égalité des sexes passait désormais par leur neutralisation. […] Il ne faudrait donc plus parler de l’égalité des sexes, mais de l’égalité des genres, les genres n’étant plus sexués en « homme » et en « femme », en « mâle et en femelle », en « garçon » et en « fille » et, a fortiori, en XY et en XX. La différence sexuelle étant dissoute au même titre que la différence génétique, il n’y aurait plus d’obstacle à la suppression de la différence sociale.
Ainsi peut-on, en première approximation, résumer la théorie du genre,« mythe contemporain » examiné par le docteur Christian Flavigny. Il rappelle qu’elle est apparue aux États-Unis et que, aux yeux des Américains, elle tient à l’opposition du « sexe », dans sa détermination physiologique, et du « genre », dans son sens psychologique, la dérive psychologisante entraînant rapidement une dérive sociologisante. Dans sa radicalité, en effet, la théorie du genre affirme qu’il n’y a pas d’identité sexuelle relevant de la nature, mais une identité générique, relevant de la culture, la seconde étant la cause des inégalités entre les pratiques sexuelles.
[...]
La Querelle du genre, Christian Flavigny (PUF)
  1. Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 5. Souligné par Nietzsche. 
  2. Judith Butler, « Le transgenre et les “attitudes de révolte” »,Sexualités, genres et mélancolie. S’entretenir avec Judith Butler, sous la direction de Monique David-Ménard, Paris, Campagne Première2009, p. 22. 
  3. Monique Wittig, La Pensée straight, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 13 et p. 36. 
  4. Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La Découverte, 2006, p. 73. 
  5. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, « La vieille et la jeune femme ». 
http://www.causeur.fr/cest-mon-genre-cest-mon-choix,20222