Après Charlie nous avions eu droit à quelques déclarations lénifiantes sur le bon islam de France qu’il fallait aider, soutenir, voire subventionner. Après le Bataclan on a entendu la même chose, un ton au-dessus. Après l’effroyable tuerie de Nice on a fait sonner, avec la même partition, les grandes orgues. Et avec l’égorgement du père Jacques Hamel, cette frénésie musicale a atteint des sommets himalayesques.
Gauche et droite s’étripent par habitude mais communient dans la même exaltation d’un islam rêvé, tout mignon, tout gentil, parce que “de France”. Tordons vite le coup à cette expression imbécile. Il n’y a pas d’islam “de France”. Il y un islam tout court. Un islam “en France” qui a toutes les apparences d’une personne très bien élevée. Normal : contrairement à ce qui est le cas dans les pays arabo-musulmans, il n’est pas chez nous au pouvoir. Normal : il est en France une religion marginale et minoritaire (et devrait être traitée comme telle) même si la vigueur de ses appétits peut faire penser le contraire.
Mais dans quel monde vivons-nous pour qu’après chaque tuerie -une fois passées les paroles convenues de compassion- on assiste aussitôt au spectacle de bonnes fées se penchant sur le berceau du pauvre petit islam, privé de biberons et de peluches ? Pour qu’on se désole sur le manque et la vétusté des mosquées et qu’on cherche par des moyens détournés à en ériger d’autres ? C’est le monde à l’envers. On tue au nom d’Allah et immédiatement on s’emploie à voir comment il pourrait être célébré avec faste.
Le mot déshonneur ici n’est pas trop fort. Tout se passe comme si l’islam avait un lien de parenté étroit avec le livret A. Ce dernier est indexé sur l’inflation. L’autre, à écouter les déclarations de nos dirigeants et de ceux qui aspirent à leur succéder, est indexé sur les morts qui jonchent nos rues. Valls, Cazeneuve, Hollande, Juppé, Bayrou, Anne Hidalgo, Nathalie Koscuizko-Morizet etc. portent tous les mêmes masques dans le même carnaval. Comment faire pour contourner la loi de 1905 qui interdit le financement public des confessions ? Où trouver l’argent pour former des imams “républicains”, des imams bien de chez nous, des imams “made in France” qu’on habillera peut-être avec les marinières chères à Montebourg ? Mais à qui fera-t-on croire que s’il y a plus de mosquées, il y aura moins de djihadistes ? Moins de tueurs et d’assassins ? Continuons sur cette voie et au prochain attentat, faisons fleurir les salles de prières … Et au prochain curé égorgé (c‘est ce qui rapporte le plus en termes d’indexation) on fera pousser de superbes mosquées sur le sol de France.
Quand une pensée devient à ce point là molle, elle n’a pas plus de consistance qu’un loukoum (c’est de circonstance) et sa saveur est tout aussi écœurante. Il y aurait pourtant autre chose à dire : Nous attendons tous une lame de fond qui submerge tous les musulmans en France et de part le monde pour manifester leur désapprobation totale de la barbarie et leur douleur réelle face à la souffrance de tant de familles endeuillées (...) Que tous ceux qui ont laissé faire, tétanisés qu’ils sont par l’abjection, sachent que leur grande part de responsabilité est engagée. Ils ne peuvent pas rester complices par l’inaction au moment où le silence n’est pas de mise. Sinon nous subirons pour toujours les méfaits de notre résignation.
C’est dans Le Monde et c’est de Ghaleb Bencheikh, un islamologue honnête. Et vous MM. Valls, Cazeneuve, Juppé, Bayrou, et vous MMes Nathalie Koscuizko-Morizet, Anne Hidalgo, vous ne pouvez pas dire la même chose ? Ah vous n’êtes pas arabes ? Il faut être arabe pour dire la vérité ?
http://www.atlantico.fr/decryptage/veut-on-vraiment-indexer-construction-mosquees-nombre-morts-dans-attentats-benoit-rayski-2785036.html