(...) En effet, à travers l’action des Tirailleurs dits « Sénégalais » mais majoritairement venus de toute l’AOF (Afrique occidentale française), il adresse aux Français un message-postulat plus que subliminal : les Africains que vous avez utilisés comme « chair à canon » durant le Premier conflit mondial ayant permis la victoire française, leurs descendants ont des droits sur vous. Voilà donc pourquoi ils sont chez eux chez vous…
Au total, la France eut 8 207 000 hommes sous les drapeaux pendant la Première Guerre mondiale (source).
1) Effectifs de Français de « souche » (Métropolitains et Français d’outre-mer et des colonies) dans l’armée française durant le premier conflit mondial :Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20 % de la population française totale.
Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73 000 Français d’Algérie, soit 20 % de toute la population « pied-noir ».
Les pertes parmi les Français métropolitains furent de 1 300 000 morts, soit 16,67 % des effectifs.
Les pertes des Français d’Algérie furent de 12 000 morts, soit 16,44 % des effectifs.
2) Effectifs africains
Le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) fournit 218 000 hommes (dont 178 000 Algériens), soit 2,65 % de tous les effectifs de l’armée française.
Les colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189 000 hommes, soit 2,3 % de tous les effectifs de l’armée française.
Les colonies d’Afrique noire dans leur ensemble fournirent quant à elles, 189 000 hommes, soit 2,3 % de tous les effectifs de l’armée française.
Les pertes des Maghrébins combattant dans l’armée française furent de 35 900 hommes, soit 16,47 % des effectifs.
Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens (les Tirailleurs) sont imprécis. L’estimation haute est de 35 000 morts, soit 18,51 % des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15,87 %.
Ces chiffres contredisent donc l’idée reçue de « chair à canon » africaine d’autant plus qu’au minimum, un tiers des pertes des Tirailleurs « sénégalais » furent la conséquence de pneumonies et autres maladies dues au froid, et non à des combats. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains, alors que les troupes métropolitaines se mutinèrent.
Exécution d’un soldat français (blanc) par un peloton français lors de la Première Guerre mondiale
Enfin, une grande confusion existe dans l’emploi du terme « Coloniaux ». Ainsi, l’héroïque 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments (pour 254 régiments et 54 bataillons composant l’Armée française), mais ces 16 régiments étaient largement formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.
Autre idée reçue utilisée par les partisans de la culpabilisation : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre.
Cette affirmation est également fausse, car, durant tout le conflit, la France importa 6 millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire et 170 millions du reste du monde.
Des Tirailleurs « sénégalais » ont courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Il était bon de rendre hommage à ces soldats, souvent enrôlés de force.
Cependant, il est malhonnête d’utiliser leur mémoire pour des buts idéologiques, car, durant la guerre de 1914-1918, ils ne composèrent que 2,3 % du corps de bataille français et leurs pertes furent du même ordre que celles des troupes métropolitaines.
Extraits de la critique du Figaro du film Tirailleurs :
Mathieu Vadepied, ancien chef opérateur de Jacques Audiard et de Nakache et Toledano, a choisi le didactisme et les bons sentiments. Omar Sy, également producteur, se retrouve donc sur la ligne de front en compagnie de son fils dont les autorités ne savent pas qu’il est son fils (vous suivez ?).
Il n’a qu’une idée : retourner chez lui. Le gamin ne l’entend pas de cette oreille. Il veut grimper dans la hiérarchie militaire, conquérir ses galons, être un vrai Français (vous suivez encore ?).
Un ensemble convenu
Le conflit de générations se déroule au milieu des tranchées. L’incompréhension grandit sous les obus. Le papa surveille son rejeton comme le lait sur le feu et personne ne se doute de leur relation. Ah, ces troufions, sans cesse occupés à racketter la solde de leurs compagnons. Les scènes de bataille sont d’une confusion rare. Les hommes piétinent dans la gadoue, sous un déluge d’explosions.
Les dialogues sont lourdement signifiants. Sous son uniforme bleu horizon, Omar Sy jette des regards affolés, comme s’il cherchait désespérément le fauteuil roulant d’Intouchables sur le théâtre des opérations. L’expression prend soudain tout son sens, tant l’ensemble paraît théâtral, convenu, amidonné.
Tout cela serait inoffensif si le réalisateur ne s’offrait, par moments, des embardées pseudo-poétiques, comme cette petite fille blonde avec sa poupée dans une maison abandonnée ou ce pauvre renard empêtré dans les fils barbelés que le héros libère courageusement sous le feu de l’ennemi. On retrouvera l’animal beaucoup plus tard sous l’Arc de Triomphe, dans une séquence qui pourrait être un hommage à la Fondation Bardot, car vous n’ignorez pas que le soldat inconnu est évidemment un tirailleur (vous suivez toujours ?).
Un suspense absent
Quant au suspense, il figure aux abonnés absents. La raison en est bien simple : fébrile et sûr de lui, le sous-officier ressemble à Emmanuel Macron. À ce détail, on devine que sa mission va virer à la catastrophe. La décence interdit de comparer le résultat aux Sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick, longtemps invisible en France.
Le film, présenté au dernier Festival de Cannes en ouverture de la section Un certain regard, est donc plein d’humanité. On aurait préféré qu’il soit bourré de talent. Nos tirailleurs meurent au champ d’honneur pour la deuxième fois. Rompez !
La note du Figaro : 1/4.
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