L'ambassadeur de France renvoyé de Madagascar pour conjurer son mauvais oeil?
Je regrette profondément que le président de la République malgache ne m'ait pas accordé la moindre chance de pouvoir accomplir l'exaltante mission dont je rêvais depuis longtemps." C'est en ces termes on ne peut plus diplomatiques et sibyllins que l'ambassadeur de France à Madagascar, Gildas Le Lidec, a annoncé, lundi 14 juillet, que le président malgache avait demandé et obtenu son rappel prématuré à Paris."Ce premier 14 juillet sur la Grande Ile sera également le dernier", a ajouté le diplomate devant les centaines de personnes invitées à la résidence de l'ambassade de France à Antananarivo, la capitale, à l'occasion de la fête nationale française.
M. Le Lidec avait présenté ses lettres de créances au président Marc Ravalomana il y a à peine cinq mois, en février. Depuis, il n'avait rencontré - brièvement - le chef de l'Etat malgache qu'à une seule occasion. Toutes ses demandes d'audience étaient restées lettre morte.
Pourquoi cet ostracisme doublé de démarches auprès des autorités françaises pour obtenir le départ du diplomate ? Le sujet était-il si capital pour justifier qu'il ait été abordé, selon certaines sources, lors d'un entretien en avril entre le président malgache et Nicolas Sarkozy ? "Il n'y a aucune raison logique et valable à ce comportement. Tant d'un point de vue diplomatique que personnel, le comportement de M. Le Lidec a été irréprochable", assure-t-on en haut lieu à Paris.
La raison de la défiance dont est victime le diplomate tient, selon les responsables français, à la personnalité du président Ravalomana, "un homme jeune à la fois moderne et superstitieux, voire arriéré". Le président malgache redouterait d'être victime du "mauvais oeil" de M. Le Lidec. L'ambassadeur de France était en poste à Kinshasa lors de l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila, tout comme il était à Abidjan lorsque des rebelles ont tenté - en vain - un coup d'Etat contre le président Laurent Gbagbo.
"On sait qu'il a parlé de Le Lidec avec le président ivoirien", confirme-t-on à Paris. "Dans la diplomatie il y a toujours des hauts et des bas. Il faut éviter d'être surpris", a commenté le ministre des affaires étrangères malgaches, Marcel Ranjeva, après les déclarations publiques du diplomate français.
La France sait désormais que, pour succéder à M. Le Lidec, il lui faut envoyer dans la Grande Ile un diplomate qui n'a connu ni coup d'Etat, ni assassinat politique.
On leur souhaite bonne chance...
Le Monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire