Mal nommer les choses c'est ajouter aux malheurs du monde" écrivait Camus. Vous devriez lire Camus, monsieur le président, et comme vous aimez beaucoup les immigrés vous devriez lire aussi la magnifique déclaration d’amour faite à la France par le fils d'un immigré juif polonais (Alain Finkielkraut). Il parle de notre pays tellement mieux que vous, français de souche pourtant ce qui, manifestement, ne vous confère aucune compétence en la matière.
Passons rapidement sur vos petits accommodements avec la vérité, domaine dans lequel vous excellez.
Vous déplorez, monsieur le président, qu'il ait fallut attendre 7 ans - "c'est long" - pour que soit inauguré ce musée dont votre très méchant prédécesseur ne voulait pas. Et vous, monsieur le président, vous êtes au pouvoir depuis quand ? Plus de 2 ans et demi ! Et vous n'avez pas, jusqu'à maintenant, trouvé les quelques minutes nécessaires pour faire un saut Porte Dorée ?
Comme vous raffolez de la déploration vous avez versé quelques larmes en regrettant que les temps ne soit pas murs pour le droit de vote des étrangers aux élections municipales. Il est vrai que pour réformer la loi dans ce sens vous n'avez pas la majorité requise des 3/5 des députés et sénateurs réunis. Mais vous n’ignorez pas, monsieur le président, que vous est accordé le droit d'organiser un référendum sur cette réforme qui vous tient tant à cœur. Allô quoi ? Ah oui j'entends... "Je ne suis pas suicidaire", avez-vous dit.
Mais il ne s'agit là que de gamineries de bac à sable sans grande importance. Vous avez dit et répété : "immigrés je vous aime". Le mot "immigré" fait partie de la panoplie utilisée par ceux qui aiment la mélasse où tout est broyé pour que plus rien ne soit reconnaissable. Vous connaissez la recette. Un peu de mineurs polonais venus travailler dans les charbonnages du Nord. Un chouia de Juifs de l'Est, une dose d’Espagnols fuyant Franco, un zeste d'Italiens hostiles à Mussolini et une proportion d'Arabes et d'Africains que la prudence nous incite à ne pas spécifier ici.
Et vous avez grossièrement touillé tout ça. Tous pareils, tous égaux, tous se valent. Allons, monsieur le président, vous aimez psalmodier la Déclaration des Droits de l'Homme : "tous les hommes naissent et demeurent etc...". Certes "tous naissent" mais tous ne "demeurent pas" ! Un badigeonneur de Sacré Cœur qui vend ses croûtes place du Tertre n'est pas l'égal de Picasso. Et le djihadiste français parti égorger en Syrie et en Irak n'est pas non plus mon semblable.
Vous avez dit, toujours dans le registre du mensonge compassionnel, que les immigrés étaient une chance pour la France. On comprend bien que vous vouliez porter la bonne et consolatrice parole aux populations souffrantes que le racisme français humilie tous les jours. Et donc, après vous avoir écouté, on a pleuré d'émotion dans les chaumières de la Courneuve, de Trappes et du Mirail. Et, spectacle bouleversant, des centaines de "jeunes" sont venus déposer dans les commissariats kalachnikov, couteaux et battes de base-ball. Grâce à vos paroles le sublime a été atteint par une procession d'hommes en chemise (comme les bourgeois de Calais) se frappant la poitrine en signe de contrition et criant avec des sanglots dans la voix : "Nous ne dhjihadirons plus".
Savez vous, monsieur le président, que je suis moi-même issu de l'immigration ? Je n'en tire ni fierté ni honte. Mais de ce monde j'ai quelques connaissances. Aucun de ces immigrés que vous piétinez en les noyant dans le mélange indigeste que vous nous servez comme soupe n’aurait dit qu'il est une chance pour la France. Tous, toutes origines et toute opinions politiques confondues, pensaient que la France était une chance pour eux. Ils ont donné des choses à la France. Mais ils ne lui ont rien pris.
Mon père - vous m’obligez M. Hollande à parler de lui - fut un des responsables de la MOI (Main d'Oeuvre Immigrée), une organisation communisante qui regroupait des ouvriers et des artisans juifs, polonais, roumains, espagnols, italiens, arméniens. C'est dans cette mouvance qu'on alla chercher des centaines de jeunes (sans guillemets) pour faire le coup de feu contre les nazis. Quelques uns d’entre eux, Juifs pour la plupart, furent plus connus que d'autres grâce à l'Affiche Rouge.
Comme j'avais écris un livre sur la question, je fus invité pour en parler dans un lycée professionnel de Sarcelles. Pensez donc ils étaient "immigrés, étrangers" ! Ça allait plaire aux jeunes "issus de la diversité..." Avant que je n'entre dans la classe ou j'étais attendu la prof me prit à part. "Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous abstenir de dire que les héros de l'Affiche Rouge étaient Juifs car la plupart de mes élèves sont musulmans. Vous comprenez n'est-ce pas ?". "Non, madame, je ne souhaite pas comprendre". Et j'ai tourné les talons. Je ne voulais pas que mon père soit insulté. C'est ce que, d'une certaine façon, vous avez fait hier, monsieur le président.
http://www.atlantico.fr/decryptage/non-m-hollande-ne-sont-pas-immigres-qui-sont-chance-pour-france-c-est-france-qui-est-chance-pour-immigres-musee-histoire-1908155.html
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