jeudi 15 janvier 2009
Yoani Sánchez
Je n’étais pas encore née quand, en avril 1961, la révolution populaire cubaine a été décrétée socialiste. « C’est la révolution socialiste des démunis, par les démunis et pour les démunis… » a annoncé Fidel Castro, près des portes -prémonitoires- du cimetière de Colón. Beaucoup parmi ceux qui l’ont écouté, joyeux et optimistes, ont supposé que la première intention révolutionnaire était d´éliminer la condition de démuni. Avec cette illusion, ils sont sortis défendre un futur sans pauvreté.
Quand je regarde les destinataires de ce qui a été annoncé il y a presque cinquante ans, je me demande quand est-ce que la prospérité ne sera plus vue comme une valeur contre-révolutionnaire. Est ce que vouloir vivre dans une maison dont le toit ne pourra pas être arraché par le vent ne sera plus, un jour, une faiblesse petite bourgeoise ? Toutes les carences matérielles que je perçois mettent en doute le sens de ce chavirement colossal de l’histoire du pays : éliminer seulement les riches - au prix de tant de pauvres.
Si au moins nous étions plus libres. Si au moins tous ces besoins matériels n’étaient pas le reflet d’une longue chaîne qui fait de chaque citoyen un serf de l’État. Si au moins la condition de pauvre était un choix volontairement assumée, et pratiquée notamment par ceux qui nous gouvernent. Mais non. L’exaltation de la pauvreté, exprimée à nouveau par Raúl Castro ce premier janvier, nous confirme ce que nous avons appris au cours de décennies de crise économique : la pauvreté est un chemin qui mène à l’obéissance.
Traduit par Susana Gordillo et Pierre Haberer.
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