mercredi 10 février 2010

Tout le monde a gagné sous les gouvernements Lula, mais surtout les riches…

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Le Brésil est un « pays de contrastes », comme on dit pudiquement. C’est, en réalité, un pays-continent profondément inégalitaire. Aujourd’hui, bien qu’ayant augmenté de près de 10 % depuis 2003 (de 6 % en prenant en compte l’inflation) sous les gouvernements présidés par Luiz Inácio Lula da Silva, le salaire minimum est seulement de 510 reais (environ 200 euros). Il ne permet à personne de vivre décemment.

Selon le coefficient de Gini, qui mesure la répartition des richesses dans un pays, le Brésil est l’un des plus mal placés, aux côtés du Guatemala, de la Colombie, du Chili, de l’Equateur, d’Haïti, du Honduras ou de la Zambie. Une infime minorité de la population concentre l’essentiel des richesses de cet Etat très riche en hydrocarbures, en terres, en biodiversité, etc.


Le bilan social et démocratique des deux mandats du président Lula est pourtant marqué par des avancées et des progrès indéniables.(...) « au Brésil, beaucoup d’avancées ont été obtenues pendant les 7 années de gouvernement Lula. L’Etat a été renforcé et a permis davantage de développement. Il y a eu une certaine redistribution des richesses et des progrès sociaux, notamment avec la revalorisation du salaire minimum et les politiques sociales comme la Bolsa familia (dispositif d’aide de l’Etat aux familles pauvres). L’intégration solidaire du continent a été stimulée ».

Cette dernière remarque fait référence au poids géopolitique déterminant du Brésil en Amérique latine avec la création de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et du Conseil de défense sud-américain en 2008, et avec diverses autres formes de résistance à l’hégémonie des Etats-Unis : accueil du président hondurien destitué, Manuel Zelaya, dans son ambassade à Tegucigalpa ; appui politique aux gouvernements du Venezuela, de la Bolivie et de l’Equateur, etc. On pourrait également ajouter que Brasilia prend ses distances avec Washington sur la scène internationale, notamment sur le dossier iranien.


(...) « beaucoup reste à faire. Les réformes structurelles capables d’enraciner les conquêtes démocratiques n’ont pas été effectuées et les profondes inégalités sociales qui perdurent depuis cinq siècles dans ce pays sont loin d’être résorbées ».
Dans un pays sorti de la dictature militaire en 1985, les politiques des gouvernements Lula ont également permis de démocratiser la vie publique, notamment en donnant un rôle accru aux syndicats et aux mouvements sociaux (développement des consultations, création de ministères, secrétariats et institutions sociales intégrant syndicats et autres organisations sociales). A cela s’ajoute le fait que l’ancien ouvrier métallurgiste de Sao Bernardo, devenu président de son pays, est un personnage politique hors normes dont la vie a été portée à l’écran dans le film Lula, O Filho do Brasil (« Lula, l'enfant du Brésil ») sorti en salles au début du mois de janvier. Sa cote de popularité (plus de 80 %) est sans précédent pour un président sortant.

Pour autant, l’avenir n’est pas assuré pour son parti, le Parti des travailleurs (PT), déjà en campagne pour les élections locales, législatives et présidentielle d’octobre prochain. Les gouvernements de Lula, en effet, n’ont pas remis en cause les structures économiques profondément inégalitaires du pays. Les entrepreneurs et les milieux financiers ont fait l’objet de toute la sollicitude du pouvoir : consolidation de l’alliance entre l’Etat et le lobby agroalimentaire qui a permis l’appropriation des terres par des entreprises multinationales (Monsanto, Syngenta, Cargill, Nestlé, BASF, Bayer, etc.) ; mise en place d’un modèle économique intégré au libre-échange mondial privilégiant l’agro-business et l’exportation au détriment de la sécurité alimentaire et de l’agriculture familiale ; financiarisation de l’économie qui a considérablement renforcé la pénétration du capital étranger et l’augmentation de la dette interne , etc. On estime que seulement 0,5 % du PIB est allé aux mesures de redistribution de la richesse, alors que le service de la dette interne (qui, principalement, va dans les poches de 20 à 30 000 familles) représente 6 ou 7 % du PIB…

Tout le monde a gagné sous les gouvernements Lula, mais surtout les riches…

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http://www.marianne2.fr/Au-Bresil,-Lula-n-a-pas-d-heritier-evident_a185063.html

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