dimanche 12 juin 2011

Les indignés

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Les Indignés maintenant. Ils lisent aussi : mais un seul livre, celui de Stéphane Hessel (22 pages, c’est court et c’est à leur portée, Edgard Morin qu’ils vénèrent c’est déjà trop long et compliqué). Ils ne rêvent pas, ne construisent pas, ne savent pas ce que c’est une utopie qui, même irréalisable, structure quand même les âmes et les cœurs. Non, ils sont juste contre. Dans un noir ressentiment théâtralisé où le cabotinage a le premier rôle. L’Indigné ne va pas à la sortie des usines pour soutenir des ouvriers licenciés. L’Indigné ne prendra pas chez lui, pour une heure, pour un soir, une famille de Roms afin de la nourrir. L’Indigné n’était pas présent au gymnase du 11 ème arrondissement où s’entassaient les migrants tunisiens. Mais l’Indigné s’indigne de ce qu’on fait aux ouvriers, aux Roms et aux Tunisiens.

L’Indigné est fait pour s’indigner : toute autre action l’éloignerait de sa posture qui est sa seule raison d’être. C’est pourquoi il regarde parfois vers le ciel – c’est loin – pour donner de la voix contre la main invisible du marché qui plane au-dessus de nos têtes. C’est pourquoi aussi il tend le poing vers l’Ouest, vers Washington– c’est loin aussi – où siège un affreux machin du nom de FMI. C’est pourquoi dans sa version écolo, assez répandue, il proteste avec véhémence contre les Japonais, génocidaires des thons rouges qui sont pour lui, en quelque sorte les Palestiniens de la mer. A moins que ce soit l’inverse, les Palestiniens étant les thons rouges du Proche-Orient.

L’Indigné est dans une sombre imposture à l’égard de lui-même : il occupe les marches de l’Opéra Bastille et essaye de croire un peu qu’il a pris la Bastille. L’Indigné est, à l’arrivée, un être triste et aigris. Car quand il cesse de s’indigner (il faut bien manger et dormir) il constate que les puissants sont très puissants et qu’ils complotent pour le faire taire : ça rend malheureux ! Pour en finir avec le parallèle entre Mai 68 et le mouvement des Indignés il y a une phrase de Marx qui dit tout ce qu’il faut dire : « L’Histoire se répète toujours deux fois : la première sous forme de tragédie, la deuxième sous forme de farce ». La deuxième… Nous y sommes.

Atlantico

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De plus, les "Indignés" s'en prennent aux églises, pas aux mosquées...





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