vendredi 12 août 2011

Les leçons de géo-po d'Alpha Blondy

«Armée française, allez-vous en!»

Des centaines de militaires français ont déjà quitté leur base de Dakar. Des centaines d’autres en Côte d’Ivoire et au Tchad devraient également plier bagage dans les prochains mois. Mais Paris reste toujours solidement implanté à Libreville et Djibouti.

Alpha Blondy l’avait chanté et rêvé; Nicolas Sarkozy l’a (presque) fait: la fermeture des bases militaires françaises d’Afrique. Souvenez-vous, en 1998, le plus célèbre rastaman africain demandait le départ des «piou piou tricolores» du continent dans sa chanson Armée française.

Le refrain était alors repris en cœur par toute la jeunesse d’un continent:


«Armée française allez-vous en!
Allez-vous en de chez nous...
Nous ne voulons plus d'indépendance
sous haute surveillance»


Un an plus tard, le 24 décembre 1999, un coup d’Etat militaire contre le président Henri Konan Bédié ouvrait pour la Côte d’Ivoire plus d’une décennie de guerre, massacres et violences ethnico-religieuses.

En 2007, en pleine crise ivoirienne, Alpha Blondy a remis le titre au goût du jour, avec des images très violentes défilant sur un tempo reggae.

Mais l’Histoire est parfois ironique. En 2011, c’est cette même armée française, tant vilipendée par la star ivoirienne, qui a contribué à la victoire finale d’Alassane Ouattara, en apportant une aide décisive lors de la bataille d’Abidjan…

Et le même Alpha Blondy apparaît alors à la télévision ivoirienne après une entrevue avec le nouveau chef de l’Etat, pour défendre… l’action des militaires tricolores. Il remercie l’armée française d’avoir «sauvé ses fesses» et d’avoir évité un «génocide» en Côte d’Ivoire.

Il se fait même l’avocat de la France:


«Au Rwanda, qu’est-ce qu’on a reproché à l’armée française? On dit, ils n’ont rien fait pour empêcher, on dit l’ONU n’a rien fait. Ici en Côte d’Ivoire, l’ONU et l’armée française sont intervenues pour éviter que les Ivoiriens se massacrent, je parlerais d’assistance à peuple en danger».

L’objectif premier des militaires français de la force Licorne n’était sûrement pas de «sauver les fesses» d’Alpha Blondy, mais ils ont dû apprécier le revirement du musicien…

(...)

http://www.slateafrique.com/23609/armee-francaise-diplomatie-senegal-tchad-centrafrique-gabon

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