mercredi 4 juillet 2007

Le faux passeport d'Adolf Eichmann avait été délivré par la Croix-Rouge


Le document de voyage du criminel nazi a été découvert dans les archives du palais de justice de Buenos Aires.

C'est par hasard que le faux passeport utilisé par le criminel de guerre nazi Adolf Eichmann pour fuir l'Europe et se réfugier en Argentine, le 14 juillet 1950, a été retrouvé dans les archives du palais de justice de Buenos Aires. « Il s'agit d'une pièce historique », a révélé, lundi 28 mai, la juge Maria Servini de Cubria, qui l'a découvert lorsqu'une étudiante a sollicité l'accès aux archives du tribunal. La magistrate a décidé de confier le document au Musée de l'Holocauste, ouvert en 1999 à Buenos Aires.

Le faux passeport avait été établi au nom de Riccardo Klement, né le 23 mai à Bolzano, dans le nord de l'Italie, et avait été délivré, le 1er juin 1950, par la Croix-Rouge internationale (CICR) à Genève. Ancien directeur du bureau des affaires juives sous le régime hitlérien, Adolf Eichmann est l'un des principaux responsables de la mise en oeuvre de la « solution finale », qui conduisit à l'extermination de six millions de juifs dans les camps. Il a vécu paisiblement pendant dix ans en Argentine avant d'être enlevé dans la banlieue de Buenos Aires, le 11 mai 1960, par les services secrets israéliens. Conduit clandestinement en Israël, il a été jugé et pendu deux ans plus tard, le 31 mai 1962.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, des milliers de nazis et autres criminels de guerre ont trouvé refuge en Argentine grâce à la bienveillance du général Juan Peron et de l'Eglise catholique. Parmi eux, Klaus Barbie (chef de la Gestapo à Lyon), Joseph Mengele (« l'ange de la mort »), Walter Kuschmann (un des chefs de la Gestapo en Pologne), Ante Pavelic (chef du régime oustachi en Croatie) ou encore Eduard Roschmann (le « boucher de Riga »).

En 1990, Josef Schwammberger, ex-officier SS accusé d'avoir assassiné 5 000 juifs polonais, a été extradé vers l'Allemagne, après avoir vécu plus de vingt ans en Argentine. En 1995, l'ancien SS Erich Priebke, devenu un notable de la ville de Bariloche (Patagonie), a été extradé vers l'Italie et condamné à la prison à vie pour le massacre des fosses Ardéatines à Rome en 1944. En 1998, le fasciste Dinko Sakic, ex-commandant du camp de concentration Jasenovac, a été extradé en Croatie.

A Genève, le CICR a confirmé, mercredi, avoir délivré le faux passeport d'Adolf Eichmann, affirmant avoir été trompé. « A la suite de la seconde guerre mondiale, des masses de population en mouvement ont bénéficié de titres de voyage. Le CICR ne disposait pas d'un système d'enquête pour vérifier leurs identités », a regretté son porte-parole, Vincent Lusser.

Le Monde

C'est regrettable, en effet, mais quand même, la Croix-Rouge a le sens du foutage de gueule...

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