Dans les années 80, et principalement de la part de mes professeurs de français ou d'histoire, j'entendais des choses comme « la France s'est enrichie sur la tête des nègres », « les Blancs ne se lavent pas souvent à cause du froid », « les Blancs sont faibles », etc.
Sans compter toutes les fois où des allusions me mettaient très mal à l'aise, moi qui était souvent le seul Blanc dans la classe. Quand j'étais avec mes copains, je me prenais à rêver que j'étais noir comme eux.
En métropole, j'ai vu les étudiants antillais se marginaliser
Puis vinrent les années étudiantes, au début des années 90. Là, je faisais partie d'une association, la Guamaguy (Guadeloupe, Martinique, Guyane). Ou plutôt, je tentais d'en faire partie. Car même si l'on me tolérait dans certaines réunions, certains m'ont fait comprendre que je n'étais pas le bienvenu, que je n'avais pas la bonne couleur.
Lors de mes études en métropole, j'ai vu les étudiants antillais et guyanais se marginaliser eux-mêmes en s'installant systématiquement à part lors des repas au restaurant universitaire. Malheur à l'Antillais qui restait déjeuner avec les métros ou « z'oreilles ». Ils devenait le paria, l'« assimilé », le « nègre-à-blancs » ou encore un « bounty » (comme la friandise, noir à l'extérieur, blanc « dedans »).
Le rejet du Blanc devenait flagrant. Dans les bus, je ne reconnaissais plus mes chères compatriotes, qui parlaient fort en créole et riaient encore plus fort, comme par provocation. Et puis il y avait les remarques permanentes contre les Blancs : « Ils ne savent pas danser », « ils marchent vite, sont toujours pressés », « ils ne pensent qu'à travailler », « ils sentent mauvais ». Sans oublier d'autres, plus péjoratives encore.
Des élections de « miss beautés noires »
Quand je suis retourné aux Antilles et en Guyane à la fin des années 90, oui, le peuple de Martinique et de Guyane avait changé. Il n'y a plus de tolérance envers les Blancs. Si un Blanc se permet la moindre remarque, on entend des phrases du genre « tiens, c'est le retour du pouvoir blanc ».
La moindre altercation sur n'importe quel sujet, et on se fait traiter de « raciste » ou d'« esclavagiste »… même quand c'est totalement hors sujet. Parfois, si on a le malheur de s'habiller en blanc, on entend des remarques du genre : « Le colonialisme, c'est fini ! »
On voit se tenir des élections de « miss beautés noires ». La culture « noire marron » [celle héritée des « nègres-marrons », communautés d'esclaves ayant réussi à échapper à leurs maîtres, ndlr] est survalorisée, en oubliant au passage les apports des autres cultures, amérindienne, asiatique ou européenne.
Imaginez qu'une région française fasse l'élection d'une miss sur un critère de couleur de peau ! Les associations contre le racisme monteraient au créneau. Mais aux Antilles-Guyane, tout ce qui n'est pas « chocolat » n'a que le droit de se taire, et ne peut même pas se faire défendre par des associations de lutte contre le racisme.
Mieux vaut ne pas promouvoir l'idée qu'on est « tous créoles »
Pire, les associations qui tentent de rapprocher les Antillais quelque soient leurs origines se voient traîner en justice pour « apologie de crime contre l'humanité », comme l'association Tous Créoles. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils ont osé dire que nous sommes tous créoles, et qu'être créole doit plutôt être pris comme une richesse et une chance aujourd'hui.
Alors oui, beaucoup de Blancs qui n'ont pas leurs racines aux Antilles et Guyane souhaitent partir. Oui, les fonctionnaires métropolitains blancs ne veulent plus venir travailler aux Antilles et en Guyane, créant de graves déficits de personnel dans les hôpitaux, les écoles, et d'une façon générale dans toutes les administrations. Et ce malgré une prime de sujétion pour la Guyane et un salaire augmenté de 40%.
Oui, des Blancs quittent certains départements d'outre-mer car ils ne supportent plus ce climat revanchard, à cause d'une période, « l'esclavage », qui continue de hanter certains esprits.
Mais de racisme contre les Blancs, personne ne parle, c'est tabou. Le seul racisme admissible, c'est celui du Blanc envers les autres couleurs du monde. C'est une erreur. Le racisme est à combattre chez tout le monde. Malheureusement.
http://www.rue89.com/2011/01/04/le-racisme-anti-blancs-aux-antilles-et-en-guyane-est-une-realite-183528
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