"Made in France"
Le slogan est à la mode en ce début de campagne présidentielle, l’ensemble des candidats déclarés ou potentiels nous répétant à longueur de journée que, eux élus, on réindustrialisera la France avec toutes les conséquences vertueuses que cela créerait : croissance, recettes sociales, fiscales et tutti quanti.
Les Français ont malheureusement compris que les promesses des politiques sont à peu près aussi crédibles que celles de mon dentiste lorsqu’il m’affirme en sortant ses objets de torture que "non, ça ne fera pas mal".
En effet, Renault vient de se voir octroyer une aide de 24,5 millions d’euros par le Parlement européen pour financer un plan de départs volontaires de 3 500 personnes en 2009. Les fonds seront versés, attention là ça devient du très lourd, par le "Fonds Européen d’Ajustement à la Mondialisation" (vous avez bien lu). Ainsi l’Europe s’est dotée d’un "Fonds", alors qu’on nous répète à l’envi qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses, pour indemniser les entreprises qui licencient. On croit rêver. Des entreprises qui délocalisent pour faire plus de bénéfices se voient octroyer des aides par les contribuables européens, ce qui rend la situation d’autant plus ubuesque qu’on fait donc payer aux personnes licenciées les aides perçues par leur ex-employeur pour les virer dans leurs impôts. L’Union européenne ou la version moderne du "Royaume du Père Ubu".
Le pire est que cette aide a été votée par la droite et la gauche confondues, seuls les Verts s’étant abstenus. Les socialistes européens ont un peu traîné des pieds afin de faire passer le chèque octroyé à Renault de 24,5 à 17,4 millions mais ont fini par voter avec la droite l’intégralité de la somme au prétexte, pour citer la députée européenne socialiste Estelle Grellier, "que le rapport de force n’était pas en leur faveur". Si l’opposition doit voter comme la majorité au prétexte que le rapport de forces lui est défavorable, à quoi sert alors d’avoir une opposition…
Ainsi donc, nous autres contribuables avons dû verser, suite à l’aval de nos politiques, des millions à Renault (dont l’Etat détient toujours 15% du capital) afin d’aider la marque au losange, qui produit aujourd’hui moins de 20 % de ses véhicules particuliers en France, à délocaliser.
Enfin, cela a au moins un coté positif. La prochaine fois que Nicolas Sarkozy, François Hollande ou François Bayrou diront qu’il faut lutter contre les délocalisations et produire en France, nous saurons vraiment à quoi nous en tenir.
http://www.atlantico.fr/decryptage/quand-contribuable-francais-finance-delocalisations-renault-made-france-philippe-david-247548.html
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