Où on nous explique que les différences sont "limitées" mais que ça reste difficile à prouver...
Ben voyons...
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(...)
Le Point.fr : Que répondriez-vous au titre de votre livre ? L'homme et la femme ont-ils véritablement un cerveau différent ?
Jean-François Bouvet :
Toutes les études, qu'elles soient réalisées post-mortem ou sur le
sujet vivant, le confirment : il existe bien une différence physique. En
effet, le cerveau de l'homme est, en moyenne, plus volumineux et plus
lourd d'environ 150 grammes, que le cerveau de la femme. Et, d'une
manière générale, ce ne sont pas les mêmes zones qui fonctionnent pour
répondre à une tâche déterminée. Mais si les chercheurs sont aujourd'hui
capables de reconnaître, en soumettant le cerveau à une IRM, s'il
s'agit d'un homme ou d'une femme, les différences entre les deux restent
néanmoins limitées. Ce qui est intéressant, c'est de savoir d'où elles
viennent exactement - si elles ne sont pas uniquement liées à la
corpulence générale de l'individu - et quel est le rôle joué par les
hormones.
(...)
C'est notamment grâce à ces
échantillons plus importants qu'on a récemment découvert que les
cerveaux évoluaient différemment à l'adolescence...
C'est, en
effet, une découverte fondamentale. On assiste à un véritable "chantier
cérébral" à cette période, où les zones ne se développent pas de la
même façon chez le garçon et chez la fille - dont le cerveau est mûr
environ deux ans plus tôt.
Les défenseurs du "déterminisme
biologique ", comme la psychologue canadienne Doreen Kimura, n'ont donc
pas complètement tort de parler de "cerveau sexué" ?
On sait
aujourd'hui qu'il y a une certaine sexualisation du cerveau qui se
manifeste très précocement. Dès le stade foetal, par exemple, les cortex
diffèrent. Pour autant, les scientifiques se mènent une guerre sans
merci concernant l'amplitude et l'origine de ces différences. D'un côté,
des neuroscientifiques défendent l'idée d'un cerveau sexué, fruit d'un
déterminisme biologique. De l'autre, les papesses des gender studies, affirment
que les cerveaux masculins et féminins sont identiques à la naissance
mais qu'ils sont façonnés ensuite par l'éducation. Les deux s'affrontent
en se traitant d'idéologues. Or, la réalité est bien plus complexe.
Vous voulez dire qu'il est difficile de constater l'effet de ces différences biologiques sur le comportement des individus ?
Absolument.
Même si on fait des découvertes passionnantes, il est encore très
compliqué de démêler ce qui relève de l'éducation ou du déterminisme
biologique. Les seuls domaines pour lesquels c'est relativement clair
sont l'orientation spatiale et le langage. Le cortex s'épaissit
nettement dans les zones qui stimulent le langage chez les filles. Or
les garçons auront, eux, une couche plus épaisse dans les zones
favorisant l'orientation.
Vous dénoncez les innombrables
études biaisées sur le sujet, du genre "Frénésie de shopping avant les
règles : la faute aux hormones !" Pourtant vous évoquez "le
fonctionnement cyclique du cerveau féminin". Ne retombe-t-on pas dans la
caricature ?
Pas du tout. Dire que le cerveau de la femme
fonctionne de manière cyclique n'a rien de révolutionnaire. Ce qui l'est
davantage, ce sont les découvertes des psychologues de l'université de
Durham en Grande-Bretagne,
qui ont réussi à montrer que le cerveau des femmes fonctionnait de
façon asymétrique avant l'ovulation, mais de façon symétrique après. En
gros, quand leurs taux d'hormones sexuelles sont au plus bas, les femmes
traitent l'information, comme les hommes, avec leur hémisphère gauche.
En revanche, après l'ovulation, quand les concentrations hormonales sont
élevées, les deux hémisphères participent à nouveau de manière
équilibrée. Mais, est-ce que ça change pour autant leur façon d'aborder
les problèmes ? On ne sait pas encore.
Dans les années 1950,
l'anthropologue américain Melford Spiro s'intéressa aux méthodes
d'éducation novatrices "unisexes" mises en place dans les kibboutz en Israël.
Et il eut la surprise de constater que, sans donner d'indications aux
enfants, les garçons se dirigeaient spontanément vers les camions et les
filles vers les poupées. Le naturel revient donc au galop ?
Jules
Michelet n'avait peut-être pas complètement tort lorsqu'il affirmait
que "si on donne à la petite fille le choix entre les jouets, elle
choisira certainement des miniatures d'ustensiles de cuisine et de
ménage". Les féministes ont eu beau monter au créneau, certaines ont été
obligées de reconnaître que le conditionnement dès l'enfance ne fait
pas tout. L'expérience a d'ailleurs été renouvelée sur des singes et a
obtenu les mêmes résultats. C'est stupéfiant.
(...)
http://www.lepoint.fr/societe/le-cerveau-a-t-il-un-sexe-07-12-2012-1546902_23.php
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