Ce texte, préface à La Querelle du genre de Christian Flavigny, est la propriété des Presses Universitaires de France (PUF).
Nietzsche voyait dans la lutte des femmes pour l’égalité des droits « un symptôme de maladie ». Son diagnostic sur ce qu’il nommait alors« l’éternelle guerre entre les sexes », voire « la haine mortelle des sexes »1paraîtra sans doute excessif ; il est en réalité insuffisant. Car ce n’est plus de guerre entre les sexes et de haine des sexes dont il est question dans lesgender studies ou « études de genre », mais de guerre contre le sexe et de haine du sexe, qu’il soit masculin ou féminin. Comme si l’égalité des sexes passait désormais par leur neutralisation. […] Il ne faudrait donc plus parler de l’égalité des sexes, mais de l’égalité des genres, les genres n’étant plus sexués en « homme » et en « femme », en « mâle et en femelle », en « garçon » et en « fille » et, a fortiori, en XY et en XX. La différence sexuelle étant dissoute au même titre que la différence génétique, il n’y aurait plus d’obstacle à la suppression de la différence sociale.
Ainsi peut-on, en première approximation, résumer la théorie du genre,« mythe contemporain » examiné par le docteur Christian Flavigny. Il rappelle qu’elle est apparue aux États-Unis et que, aux yeux des Américains, elle tient à l’opposition du « sexe », dans sa détermination physiologique, et du « genre », dans son sens psychologique, la dérive psychologisante entraînant rapidement une dérive sociologisante. Dans sa radicalité, en effet, la théorie du genre affirme qu’il n’y a pas d’identité sexuelle relevant de la nature, mais une identité générique, relevant de la culture, la seconde étant la cause des inégalités entre les pratiques sexuelles.
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La Querelle du genre, Christian Flavigny (PUF)
- Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 5. Souligné par Nietzsche. ↩
- Judith Butler, « Le transgenre et les “attitudes de révolte” »,Sexualités, genres et mélancolie. S’entretenir avec Judith Butler, sous la direction de Monique David-Ménard, Paris, Campagne Première, 2009, p. 22. ↩
- Monique Wittig, La Pensée straight, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 13 et p. 36. ↩
- Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La Découverte, 2006, p. 73. ↩
- Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, « La vieille et la jeune femme ». ↩
http://www.causeur.fr/cest-mon-genre-cest-mon-choix,20222
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