Les paysans, principaux ennemis de Napoléon
C'est alors que des problèmes apparurent en périphérie : au sud, avec l'Espagne, et à l'est, avec la Russie, où les innovations napoléoniennes semblaient tomber de la lune. Ces pays ne s'inscrivaient pas dans le projet européen moderne, mais le blocus continental de l'Angleterre ne pouvait fonctionner sans eux. L'empereur ne savait pas attendre. En Espagne, il décida de remplacer le roi [par Joseph, son frère, en 1808] et se trouva en butte à une rébellion. Curieusement, comme en Russie plus tard, ses principaux ennemis auront été les paysans incultes auxquels il apportait l'instruction, mais qui n'avaient cure du Code civil et voyaient avant tout en Napoléon un envahisseur et l'Antéchrist. Goya, pour sa part, l'avait peint en ogre.
(...)
Mais tout cela n'est qu'un regard importé sur le grand anniversaire que nous célébrons cette année. Côté russe, le principal problème n'a pas évolué, nous continuons à combattre le conquérant, comme le montre le choix de la bataille de Borodino comme jalon historique essentiel. Une quinzaine de pays européens ont choisi une autre voie, cessant le combat lorsque l'empereur est entré dans leur capitale. Cela leur a apporté un ensemble de lois civiles qui leur a par la suite évité de faire la révolution. Mais avec la Russie, cela n'a pas fonctionné. Napoléon arrivait entre autres pour abolir le servage et soulever les paysans, mais il n'a pas su comment faire. En Russie, le servage, que les Français qualifiaient tout simplement d'esclavage, n'était même pas fixé par des lois. Dans ces conditions, comment l'abolir ? Et comment instaurer un Code civil dans un pays où tout, de la paix à la guerre, dépendait des autocrates ? Après s'être cassé la tête sur tout cela durant un mois, alors que Moscou était dévoré par les flammes, l'empereur a pris le chemin du retour.
Et nous avons préservé toutes nos erreurs, pour lesquelles nous avions héroïquement combattu les troupes de Napoléon.(...)
http://www.courrierinternational.com/article/2012/12/12/et-si-napoleon-avait-triomphe-en-russie
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