vendredi 18 janvier 2008

L'Europe, «plate-forme du terrorisme», inquiète les USA

Redoutant la montée d'un terrorisme d'origine européenne, le ministère américain de la Sécurité du territoire veut renforcer le contrôle des voyageurs sans visa.
Une enquête en cours des services de renseignements britanniques sur un site Internet islamiste qui appelait à l'établissement d'une section d'al-Qaida au Royaume-Uni n'a fait que confirmer les craintes de Michael Chertoff, le chef de la Homeland Security, le nouveau ministère américain créé il y a cinq ans dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. «Les terroristes se tournent de plus en plus vers l'Europe en tant que cible mais aussi comme plateforme pour des attentats» à destination des États-Unis, affirmait-il mardi à la BBC.

Dans la naissance de cette cellule islamiste sur le sol britannique, Michael Chertoff voit une nouvelle preuve de la montée d'un terrorisme «de terroir» (home-grown), qui s'était manifestée par les attentats de Madrid en 2004 puis de Londres en 2005, sans parler de la tentative d'introduire des explosifs sous forme liquide déjouée en 2006 à l'aéroport de Heathrow.

L'affaire du site, qui visait «les infidèles», au premier rang desquels le premier ministre, Gordon Brown, et son prédécesseur, Tony Blair, pourrait renforcer la main du secrétaire américain à la Sécurité intérieure qui, selon un article du New York Times en mai 2007, avait en vain tenté de convaincre les autorités britanniques d'imposer des visas à leurs ressortissants d'origine pakistanaise se rendant aux États-Unis.

Comme la plupart des Européens, les touristes français munis d'un passeport biométrique bénéficient d'une dispense de visa. Mais à l'avenir, le droit d'entrée aux États-Unis sans visa ne dispensera pas d'un préavis : la Homeland Security prévoit que tout voyageur sera tenu d'enregistrer son projet de visite sur un site Internet qui lui fournirait en retour un numéro d'autorisation, valable pour un ou deux ans.

«Ne seraient exigées que les données habituelles pour commander un billet d'avion», indique Laura Keehner, une porte-parole du ministère, tout en précisant que «le projet n'est pas nouveau». Ce système d'«autorisation électronique de voyage» a d'ailleurs été mis en place par l'Australie.


Trop peu de temps pour contrôler

Les touristes voyageant sans visa posent problème dans la mesure où ils ne se signalent aux autorités de l'immigration, souvent pour la première fois, que lorsqu'ils ont le pied sur le sol américain : «Cela nous laisse un très petit créneau» pour les vérifications nécessaires, remarque Michael Cherkoff. Le créneau serait considérablement élargi par la notification de l'entrée sur le territoire, même dans des délais courts et assortis de mesures d'urgence pour les voyages au pied levé.

«Cela nous permettrait de savoir à l'avance qui a l'intention de venir dans le pays», commente Laura Keehner, en précisant qu'aucune date n'est arrêtée pour l'instauration du nouveau système de contrôle. Les Américains, qui procèdent actuellement à l'essai d'une nouvelle méthode d'enregistrement des empreintes digitales des dix doigts au lieu de cinq dans une dizaine d'aéroports pour les visiteurs munis d'un visa, font la part de leur sécurité et de leurs intérêts : Michael Cherkoff assure que les nouvelles mesures ne doivent freiner ni le tourisme ni le commerce.

http://www.lefigaro.fr/international/2008/01/18/01003-20080118ARTFIG00003-l-europe-plate-forme-du-terrorisme-inquiete-les-usa.php

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