lundi 15 juin 2009

Sénégal : Des tarifs à la… peau du client



«Nous relions l’humanité à son histoire», dit la pub de la Liaison maritime Dakar-Gorée (Lmdg). Le mot est touchant, sauf que le rapport avec les hommes et femmes de race blanche passe par une ségrégation sur les tarifs qui donnent accès à ce territoire de la tragédie historique qu’est l’île de Gorée. Comme si on voulait rendre au toubab d’aujourd’hui la monnaie (salée) d’une pièce qu’il n’a jamais utilisée. Entre touristes européens de passage chez nous, Africains non résidents et Sénégalais bon teint, le commerce de la traversée par chaloupe se paie à la tête du client, à des prix différents.

Enquête:


Le petit voyage entre Dakar et l’île de Gorée par la chaloupe a ses tarifs : 1 500 francs pour les Sénégalais, 2 500 francs pour les résidents africains, 5 000 francs Cfa pour les autres étrangers, notamment Européens et Américains. Pour les adultes et enfants habitant l’île, le coût du trajet est symbolique : respectivement 600 francs et 300 francs par mois.
Aujourd’hui, la tarification pose problème, et pour certains, c’est un signe : la discrimination est de retour à Gorée, des centaines d’années après la fin déclarée de l’esclavage ! Cette île dont la renommée est essentiellement liée à la traite négrière et à ses violences de toutes sortes ressemble aujourd’hui à un caillou aux œufs d’or partagé entre la mémoire et le business, et où le mercantilisme malmène l’équité entre visiteurs d’horizons divers. Cette situation d’inégalité indispose gravement beaucoup de visiteurs, européens et sénégalais confondus, qui ne s’expliquent pas une telle ségrégation sur les prix. Ça grogne et on se plaint de partout, mais «on ne sait pas à qui s’adresser. Il n’y a pas d’autorité particulière à qui on pourrait confier ces genres de choses», fulmine une touriste.

Le sac en bandoulière, Alexandra Bestard accompagnée de son cousin Alain et de la fille de ce dernier, tous Français en visite au Sénégal, ne cachent pas leur indignation lorsqu’ils découvrent sur un panneau déposé à même le sol la distorsion des prix de la traversée selon qu’on est Sénégalais ou «étranger». «Je trouve que c’est bizarre d’aller visiter une île qui restitue des souvenirs de l’esclavage et de la traite négrière, et que l’on vous dise au guichet que les tarifs sont différents selon la nationalité», déplore-t-elle. Pour Alexandra, «payer 5 000 francs Cfa, c’est payer cinq fois plus que les Sénégalais. Cela ne s’explique pas à mon niveau».

SELON QU’ON EST TOUBAB OU… NEGRE

Concrètement, le scénario est rodé. Devant le guichet, les étrangers sont priés de présenter une pièce d’identité avant de prendre un ticket. S’ils sont résidents dans notre pays, ils payent le même prix que les autochtones. Le même principe est valable pour les diplomates accrédités et pour tous ceux venus travailler ici quelle que soit la durée de leur séjour. Mais, Alexandra Bestard reste inconsolable et fait dans la comparaison. Pour elle, «Gorée représente l’esclavage, le racisme. Ce n’est pas normal de vivre ce genre de discrimination sur les tarifs après l’abolition de la traite négrière, ça ne nous donne pas envie de faire des choses ici.» Elle passe sur tous les autres désagréments subis par les touristes, au-delà de la traversée par chaloupe. Ils sont arnaqués un peu partout, trompés par-ci par-là, harcelés par les commerçants ambulants qui leur vendent des marchandises de piètre qualité à des prix surestimés, résume-t-elle. «Ce sont des facteurs de blocage pour le tourisme local.»

De l’avis du responsable de la brigade de surveillance Alioune Diongue, cette «discrimination n’existe nulle part dans le monde». Pour lui, «les autorités devaient créer dans ce sens des places Vip sans distinction de nationalité ou de race qui permettraient aux étrangers de choisir le niveau de confort souhaité pour la traversée».

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En outre, c’est ce qui se fait chez les européens, dit-il encore. Curieuse comparaison vite contestée par Alexandra Bestard, exemple à l’appui. «En France, il peut y avoir de la discrimination sur des prix, certes, mais c’est uniquement selon qu’on est enfant ou retraité par exemple. Jamais selon la nationalité !» Interpellés par nos soins, Béatrice et Alain le Cung s’écrient sans retenue : «C’est de l’arnaque pure et simple»,

(Même chose à Cuba ds les bus, ds les soirées, c'est la différence aussi entre une démocratie et une dictature!
)

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Comme pour confirmer le statut de vache laitière qui est appliquée aux visiteurs étrangers non résidents, l’arrivée sur terre ferme de Gorée annonce une autre surprise. Une autre dépense, symbolique certes mais dépense quand même, leur est imposée. C’est une taxe municipale de 500 francs Cfa payable au niveau du bureau de perception situé en face du quai de débarquement peint en bleu et blanc. Les touristes sont subrepticement orientés à cet endroit là. La taxe est payable soit en espèce, soit échangée contre un dépliant présentant brièvement l’île.
En réaction, expliquent des vendeurs d’objets d’art installés dans l’île, de nombreux touristes s’exercent à des «représailles» en refusant ostensiblement d’acheter des objets de souvenirs.

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(Mon dieu quel affront...Refuser d'acheter des merdes fabriquées maintenant pour la plupart en Chine)

http://www.lequotidien.sn/index.php?option=com_content&task=view&id=7412&Itemid=10

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