mercredi 10 juin 2009

Union franco-britannique

Episode peu connu.

Suite à l'avancée de l'armée allemande au 10 mai 1940, Jean Monnet lança l'idée d'une union franco-anglaise qui fut suivie par Winston Churchill. La construction d'un axe franco-britannique avait été tentée à plusieurs reprises durant l'Entre-deux-guerres, achoppant la plupart du temps sur des problèmes de politique intérieure. De surcroît, la Grande-Bretagne ne souhaitait pas se trouver engagée dans un jeu d'alliances continentales du fait des amitiés françaises en Europe de l'Est (soutien à la Petite Entente). Les discussions à ce sujet se trouvaient toutefois ravivées depuis la déclaration de guerre à l'Allemagne, au point qu'un timbre commun est dessiné en prévision d'une fusion des systèmes postaux. Le 16 juin 1940, la Chambre des communes du Parlement du Royaume-Uni propose l'union des gouvernements du Royaume-Uni et de la République française pour continuer « la défense commune de la justice et de la liberté ». Le jour même et suite à cette délibération, Charles de Gaulle fut chargé de lire au téléphone la note intitulée Suggested Declaration of Anglo-French Unity au président du conseil français Paul Reynaud. Alors qu'un vif débat sur la conduite à tenir face à la débâcle oppose Reynaud, Pétain et Weygand, les premiers mots que De Gaulle prononce au téléphone laissent présager un coup de théâtre:

« Je viens de voir Churchill. Il y a quelque chose d'énorme en préparation au point de vue entité entre les deux pays. Churchill propose la constitution d'un gouvernement unique franco-britannique et vous, Monsieur le Président, pouvez être Président du cabinet de Guerre franco-britannique ».

La note qui suit évoque une union fusionnelle des deux pays en une seule nation, avec la formation d'une Armée et d'un Parlement uniques, ainsi que la mise en commun des ressources naturelles. De cette manière, la puissante flotte française ne serait plus un risque pour le Royaume-Uni. Le jour suivant la transmission de cette proposition, Paul Reynaud, qui devait signer le document, est démis de ses fonctions. Philippe Pétain le remplacera puis signera l'Armistice du 22 juin 1940.

Dans ses Mémoires de guerre, le général De Gaulle replace cet épisode historique dans le contexte précédant l'Appel du 18 juin. Selon lui, l'Union franco-britannique n'était pas un projet sérieux à long terme mais avait pour objectif de rendre espoir et énergie à ceux qui souhaitaient poursuivre la lutte.

(...)

Une seconde proposition étrange

En 1956, une union similaire aurait été proposée par Guy Mollet alors président du conseil auprès du premier ministre Anthony Eden, qui aurait refusé et indiqué préférer une entrée dans le Commonwealth. Cette proposition est à mettre en relation avec la perte d'influence des deux puissances dans leur sphère coloniale (Guerre d'Algérie, Crise de Suez), et avec une certaine crainte pour l'indépendance de la France face aux États-Unis et à l'URSS. L'existence d'une telle proposition a été révélée en 2007 par la BBC, provoquant la stupeur de nombreux historiens. En réalité, plusieurs publications antérieures mentionnent cet épisode ambigu des relations diplomatiques franco-britanniques.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Anglo-French_Unity

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