(AFP)
PARIS — Les Chinois, les Français et les Allemands, sont en valeur absolue les plus kidnappés dans le monde, et le risque d'enlèvement a plus que triplé en 10 ans, selon une étude du leader mondial de l'assurance kidnapping et rançon, Hiscox, à laquelle l'AFP a eu accès mardi.
La recrudescence des actes de piraterie, comme la prise d'otages depuis le 2 octobre à bord du thonier espagnol "Alakrana" par des pirates somaliens réclamant quatre millions de dollars de rançon, s'est accompagnée d'une augmentation du nombre d'enlèvements, relève aussi l'étude publiée dans La Tribune.
"Les Chinois sont les plus kidnappés en valeur absolue car c'est la population la plus importante et qu'ils vivent beaucoup à l'étranger", explique à l'AFP, Nicolas Fontvielle, chargé en France des risques spéciaux kidnapping, rançon et terrorisme de l'assureur britannique.
Les Français arrivent en deuxième position car ils accumulent trois facteurs: beaucoup d'entreprises installées à l'étranger avec de nombreux expatriés notamment en Afrique, beaucoup d'humanitaires dans des zones de conflits (Rwanda, Darfour, Somalien Yemen) pour aider les populations locales.
Mais surtout "sans tomber dans la caricature d'OSS 117, le Français a tendance a être un peu trop courageux ou candide", explique M. Fontvielle.
Les Français sont par exemple, selon lui, beaucoup moins prudents que les Américains, pourtant très présents à l'étranger. Les Américains ne figurent pas dans le top 10 des nationalités les plus kidnappées (Chine, France, Allemagne, Philippine, Russie, Grande-Bretagne, Inde, Espagne, Corée du Sud, Italie ex-eaquo avec l'Ukraine), selon l'étude.
"Il y a des mesures de prévention et de sécurité prise pour eux mais aussi par eux. Ils demandent par exemple la plaque d'immatriculation du taxi qui vient les chercher à l'aéroport et s'il y a un détecteur de métaux à l'hôtel où il doivent résider", explique M. Fontvielle.
Interrogé pour savoir si les rançons payées par certains gouvernements jouaient sur ce classement, M. Fontveille a indiqué que selon lui, "ce n'est pas un facteur déterminant. Les gouvernements allemand, anglais et américain ont la même démarche que le gouvernement français" en matière de versement de rançons, a-t-il ajouté.
Les demandes de rançons peuvent atteindre 10 millions de dollars, selon La Tribune.
Globalement, "le nombre d'enlèvements a été multiplié par 3,5 entre 1998 et 2008 qui constitue une année record. Et l'année 2009 a le même profil et le risque est extrêmement élevé", affirme-t-il.
Il indique que Hiscox, qui représente 65% de part de marché dans ce domaine, a eu à traiter "110 cas dont environ 40 cas d'enlèvements ou d'actes de pirateries et 60 cas d'extorsions de fonds auprès d'entreprises (avec menace de tuer, d'empoisonner la nourriture, de détruire la production, de brûler le batiment)".
"Avant le kidnapping était organisé par des entités professionnelles qui faisaient ça trois ou quatre fois par an pour acheter des armes, du matériel, etc. Aujourd'hui c'est au petit bonheur la chance. Ca peut être un local qui enlève une expatriée seule", explique-t-il.
Les actes de pirateries ont eux été associés à 82% à des prises d'otages en 2008, contre 53% en 2004, souligne aussi l'étude.
La France a déployé une soixantaine de soldats d'élite pour assurer la sécurité d'une dizaine de thoniers qui pêchent au large des Seychelles.
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