lundi 31 mars 2008

Une politique de la langue

Pourquoi les Français parlent-ils tous (enfin, presque tous) le français ? Ce n’est pas la faute à Voltaire, c’est la faute aux révolutionnaires de 1789, ces agités décidés à fonder un ordre nouveau. Quand on change le monde, on change tout. Afin de rallier à leur projet des masses qui, pour beaucoup, ne parlaient pas le français, il fallait d’abord éradiquer les parlers locaux. A l’époque, les langues ou parlers locaux ne manquaient pas, souvent étiquetés sous les termes de « patois », d’« idiomes », de dialectes : le breton, le languedocien, le messin, le lorrain, le provençal, le basque, le bourguignon, mais aussi le wallon, le flamand...

Comment faire pour brider des masses patoisantes, et passer leurs langues à la trappe de l’histoire ? D’abord, connaître l’ennemi, en initiant une vaste enquête ; c’est l’abbé Grégoire qui s’y colle en 1790, envoyant un questionnaire linguistique détaillé à un réseau de correspondants partout en France. L’objectif est clair : « anéantir les patois ». Le rouleau compresseur est en marche, nul ne l’arrêtera. Le jacobinisme centralisateur imposera un moule unique dès la Restauration, et l’école publique, gratuite et obligatoire chère à la IIIe République viendra parachever l’uniformisation. Bientôt, on ne verra qu’une seule tête : celle du Français moyen.

http://corinnemaier.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/03/28/avec-la-langue.html


Lire : « Une politique de la langue, La révolution française et les patois », par M. de Certeau, D. Julia, J. Revel, Gallimard NRF, 1975.

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