S'il paraît évident aux Occidentaux d'aller et venir à travers le monde, il ne faut pas oublier que des millions de personnes n'ont toujours pas ce droit: de nombreux pays exigent encore des visas de sortie de leurs ressortissants. Par exemple, Cuba: on dit toujours que tout Cubain (et autres ressortissants de pays communistes) arrivant aux Etats-Unis obtient facilement la nationalité américaine, mais on oublie trop que les Cubains ne peuvent que très difficilement quitter l'île librement, même temporairement.
Une fois le fameux sésame de sortie obtenu (à grand renfort de pistons bureaucratiques et de dollares), impossible de rester plus de onze mois à l'étranger sous peine de ne plus pouvoir revenir. Pour les touristes (comprenez vaches à lait, dollars sur pattes) le visa n'est que de 30 jours, renouvelable une fois dans un bureau des plus antipathiques. Mieux vaut éviter d'accoucher pendant ce laps de temps: vous aurez le plus grand mal du monde à faire quitter le pays à votre bébé, car il sera cubain et donc soumis aux mêmes règles dictatoriales...
Malgré ça, les touristes à Cuba (quelle idée!) rencontreront sûrement des dizaines de Cubains endoctrinés qui ont vécu à l'étranger grâce à leurs privilèges du Parti, sont revenus (sic) et vantent encore les mérites de ce prétendu paradis tropical où même trouver du riz demande la journée et où les libertés individuelles n'existent pas -sans parler de la liberté de la presse bien entendu.
Ils rencontreront des centaines de prostitué(e)s (bien qu'on parle hypocritement de "jineteras" c'est-à-dire "cavaliers") prêts à tout pour un dîner ou mieux un mariage avec un gringo aveuglé qui pense que son ventre plein de bière a charmé une superbe Cubaine de 18 ans!
A ceux qui se demandent pourquoi je dis que faire du tourisme est une mauvaise idée, voilà quelques arguments vécus:
-si vous croyez vous mélanger aux habitants, vous vous mettez le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Etant donné les risques que fréquenter des étrangers fait courir aux Cubains, les seules personnes qui vous approcheront n'en voudront qu'à votre argent. Les arnaques commencent dés l'arrivée avec les taxis et ne s'arrêteront plus:
-bus 20 fois plus cher
-soirées cubaines, où, parce que vs êtes étranger on vs reservera un traitement "particulier": comprenez: "ben, vous êtes un "Gringo" donc FORCEMENT milliardaire...alors "passez a la caisse!"
" Tout ceci à grand renfort de sourires hypocrites voire même de l'agressivté, refuser de commander une boisson aprés s'être fait entuber à l'entrée passe trés mal (ne pas hésiter a les envoyez chier, c'est un rapport de force et il n'est pas absurde de leur rappeler que celui qui a l'argent c'est vous!)
Voila de quoi irriter (héhéhé) les tiers-mondistes prêts a tous les aveuglements: "ben oui, faut comprendre".
Désolé! mais quand on se fait entuber du matin au soir la "compréhension" a ses limites!
Il y a bien sur des cubains sympas, mais au final, force est de constater qu'il y a eu une relation business avec vous!
Les hôtels bon marché n'existent pas et le logement chez l'habitant vous fera constater la misère de médecins qui n'ont eau et électricité qu'à temps trés partiel (mais qui vous demanderont quand même 40 dollars par nuit...). Quant au Che (en réalité un tyran http://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara#Controverses), vous ne pourrez plus le voir en peinture à votre retour (sauf sur votre rouleau de PQ!) tant vous aurez vu son visage imprimé tous les deux mètres (idem pour José Marti). Quant à l'ambassade américaine qui ne dit pas son nom, ne vous avisez pas d'y mettre les pieds ou vous serez pris en photo sous toutes les coutures par les soldats cubains postés sur le toit voisin.
Là-bas, vous découvrirez d'ailleurs que tout le monde croit l'invasion américaine imminente, ce qui aide grandement à maintenir le régime.
Quant au prétendu "blocus", il n'est qu'économique! car il suffit d'avoir de l'argent pour pouvoir acheter des produits américains en toute hypocrisie (ex: Coca-Cola venu du Mexique, billets d'avions (pour les USA, si ça vous chante, tj via Mexico) ou encore utiliser Western-Union pour envoyer de l'argent!)
Sans parler de tous les américains en vacances, eux aussi venus par un pays tiers(côté célébrités: Di Caprio, Schwarzenegger... ont eux aussi pu contourner le "blocus".)
Ce blocus, cet embargo est un mythe, si la population ne peut pas s'offrir du Jack Daniels ou des médocs, c'est tout simplement parce que le régime place la barre des prix trop haut.
Castro ne semble pas souffrir fortement de cet "embargo" ou alors Nike comme tant d'autres font une exception...?
Le pire est que la situation n'est pas prête de s'arranger, contrairement aux idées reçues: avec ou sans Fidel (ou les Américains, autant haïs), la culture cubaine est désormais profondément corrompue et ne changera pas de si tôt.
Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande notamment l'excellent livre de Jacobo Machover, "Cuba, totalitarisme tropical".
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A lire:
« La face cachée du Che »
Par Jacobo Machover
Quarante ans après sa mort, le Che continue à fasciner. De nombreux étudiants arborent avec fierté des tee-shirts à son effigie. Pour de nombreux intellectuels il reste un objet d'admiration ; la seule faillite de l'idéologie communiste ne suffit pas à faire taire nombre de ses thuriféraires. Et pourtant, qui connaît vraiment Ernesto Che Guevara ?
Alors que bien des biographes du guerillero argentin ont occulté ou maquillé certaines des périodes de sa vie, Jacobo Machover met au jour nombre de ses impostures. Ernesto Guevara était-il vraiment médecin ? Nul n'a jamais vu son diplôme. Ses stages n'ont jamais été validés. Plus encore : « C'est Castro qui intronisa le jeune Ernesto comme médecin à part entière ». Au surplus, ce dernier ne pratiqua jamais la médecine de manière sérieuse. C'est sur les champs de bataille plus que dans les hôpitaux qu'il se fait rapidement connaître.
Et c'est alors que l'auteur, professeur cubain exilé en France, démasque « l'autre » Che Guevara, celui de la violence et de la cruauté quotidiennes. Celui qui, fraîchement arrivé auprès de Castro, déclare « Me voici dans la jungle cubaine, vivant et assoiffé de sang ». Le jeune combattant joue un rôle de premier plan dans le jugement des « traîtres », pour lesquels il ne juge pas nécessaire la recherche de preuves – il s'agit là, pour lui, de méthodes « bourgeoises ». Puis, lorsque vient le moment de l'exécution, il préfère ne pas déléguer la tâche à d'autres. Après avoir abattu froidement un homme, il écrit dans l'un de ses carnets : « J'ai résolu le problème en lui tirant sur le côté droit du cerveau une balle de pistolet calibre 32. »
Enfin, on trouve également une analyse de la dimension mythique du Che. Pourquoi un meurtrier peut-il être admiré, vénéré, tant par certaines des personnes qui ont connu la révolution cubaine que par les plus jeunes générations qui ignorent tout du combattant argentin ? Sa carrière supposée de médecin engagé aux côtés des déshérités, ses combats dans plusieurs pays (outre Cuba, Che Guevara s'est battu au Congo et en Bolivie) au service d'une même cause peuvent faire rêver quelques naïfs en quête d'idéal. Certains regardent également son « refus du pouvoir » avec bienveillance. En réalité il en a été écarté rapidement par Fidel Castro. Sa mort, enfin, d'une rafale de balles tirées en dessous de la poitrine, fait de lui un martyr.
Quarante ans plus tard, il est bon de déconstruire un mythe toujours solidement ancré dans les esprits. Jacobo Machover fait vivre l'ouvrage avec de nombreux témoignages et écrits. Un essai bref, incisif, salvateur.
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voici qques artciles intéressants:
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Pour le quotidien espagnol El País, le "Che" est décidément devenu un fétiche. "Un féti-Che"… Rien d'autre. Lui qui se décrivait comme "une froide et implacable machine à tuer" est devenu l'icône indispensable à toute manifestation pacifique. Lui qui méprisait l'argent est aujourd'hui tatoué sur l'épaule de Maradona et de Mike Tyson, ou pend au cou de Johnny Depp, sous forme de médaillon. Lui qui détestait l'Amérique a été récupéré par Hollywood et interprété par Omar Sharif, Antonio Banderas, ou encore dernièrement Benicio del Toro.
La marchandisation du "Che", ajoute El País est le signe le plus tangible de la défaite politique et culturelle d'une certaine gauche radicale. Une défaite qui se lit, par exemple, dans les yeux des Européens de l'Est lorsqu'ils voient, médusés, des jeunes Occidentaux si riches, si bien nourris, se balader insouciants avec des tee-shirts à l'effigie de celui qui, pour eux, signifie quarante-cinq ans d'oppression.
Et puis lorsque le temps aura passé, que restera-t-il du "Che" ? Le quotidien londonien The Independent rappelle que Guevara avait lui aussi une idole : un révolutionnaire charismatique, dont les cheveux longs, le béret rouge et la geste héroïque l'ont inspiré. Il était italien et s'appelait Giuiseppe Garibaldi. Lui aussi était adulé. Lui aussi a sa légende, ses chansons, ses statues. Après tout, il est le père de l'unité italienne et les Italiens ne l'ont pas oublié, c'est certain. Mais saviez-vous que nous commémorons cette année le 200e anniversaire de sa naissance ? Non ? Et bien moi non plus, je l'ai appris en lisant cet article… Alors, le Che ? Dans cent soixante ans ?
Anthony Bellanger
Oct 2007
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Sept 2007.
CUBA • Le peuple invité à s’exprimer
Est-ce un signe réel de changement ? Raúl Castro, chef de l’Etat par intérim, a invité les Cubains à organiser des débats sur les changements à venir. Les critiques du système fusent, ce qui n’est pas habituel…
DE LA HAVANE
Pourquoi un Cubain ne peut-il pas descendre dans un hôtel même s’il possède des dollars obtenus honnêtement ? Pourquoi faut-il faire jouer la solidarité en matière de santé avec d’autres pays, alors que les services médicaux se sont nettement détériorés dans le pays en raison même de cette collaboration ? Peut-on résister à la corruption tout en continuant à toucher des salaires infimes ? Pourquoi l’Etat stimule-t-il la création de coopératives et de petites entreprises privées dans des domaines où sa gestion s’est avérée inefficace ?
Il n’y a pas si longtemps, nul n’aurait osé remettre en cause ouvertement les politiques officielles. On discute pourtant aujourd’hui de tels sujets dans des réunions et des assemblées organisées à travers le pays.
Il ne s’agit pas d’une révolte populaire spontanée. Bien au contraire. Ce sont les cellules de base du Parti communiste cubain (PCC), les centres de travailleurs et les Comités de défense de la révolution (CDR) qui ont commencé à débattre du discours prononcé par Raúl Castro le 26 juillet dernier. Le numéro deux du régime y annonçait des changements “structurels” et de “conceptions” pour régler les problèmes économiques, ouvrant ainsi la boîte de Pandore.
Autant dire que les Cubains sont invités par les autorités à exprimer librement toutes leurs doléances et suggestions.( il était temps!) On assiste à une véritable catharsis collective : les uns se plaignent des mille obstacles et vaines interdictions qui empoisonnent leur vie de tous les jours, les autres s’inquiètent du faible pouvoir d’achat des salaires, des problèmes de transport et de logement, devenus inextricables. Certains, enfin, mettent le doigt sur les contradictions les plus flagrantes, à commencer par la dualité monétaire et les prix élevés des articles de base qu’on ne peut se procurer qu’en devises, alors que la majorité de la population touche de tout petits salaires en monnaie nationale.“Le message majoritaire est qu’à Cuba il faut des changements et que le plus tôt sera le mieux”, résume un avocat qui a participé à l’une des assemblées de quartier. Les plaintes face aux difficultés quotidiennes prédominent, mais dans certaines instances elles ont donné lieu à des analyses plus poussées.
A la cité universitaire José Antonio Echeverría (CUJAE), l’institut supérieur polytechnique de La Havane, les militants des Jeunesses communistes ont conclu à la nécessité de remettre à plat “les rapports de propriété” dans le socialisme. Comme dans d’autres universités, les participants ont abordé des problèmes comme celui de l’excessive “étatisation”, qui entrave le développement économique. Ils se sont déclarés favorables à la création de coopératives et estiment qu’on devrait autoriser les petites entreprises privées afin de stimuler la production.
“La révolution, c’est changer tout ce qui doit être changé”
Le CDR de La Puntilla, dans le quartier chic de Miramar, à La Havane, a tenu son assemblée en septembre. On a d’abord expliqué aux gens qu’ils pouvaient exprimer n’importe quelle opinion et qu’à l’issue de la réunion un procès-verbal serait remis au comité municipal du PCC, où une équipe est chargée de recevoir les rapports et de transmettre les plaintes et les suggestions aux instances supérieures.
Après la lecture du discours – qui a duré une heure –, les premières interventions ont eu lieu. La réunion, tiède au départ, s’est animée peu à peu. “Certains ont même contesté la politique consistant à envoyer les jeunes dans des écoles à la campagne, les moyens étant insuffisants, y compris en ce qui concerne l’alimentation, commente un habitant du quartier. D’autres ont reproché aux autorités de s’en prendre aux retraités qui exercent n’importe quelle activité pour subsister, comme de vendre des cacahuètes grillées, alors que les vraies causes de la corruption sont ailleurs. A commencer par le fait qu’on ne puisse pas vivre décemment avec un salaire.” Un passage du discours de Raúl Castro a très souvent été cité lors des réunions : “La révolution, c’est le sens du moment historique, c’est changer tout ce qui doit être changé…” Par ces mots, le 26 juillet, le chef de l’Etat par intérim a suscité certaines attentes. Sur un mode réaliste et autocritique, il a évoqué les problèmes qui accablent la population, en particulier “les salaires manifestement insuffisants pour vivre”, et a reconnu qu’il fallait “transformer certaines conceptions et méthodes”. (De l'art de l'euphémisme)
A en croire les rumeurs, ce serait le président par intérim qui aurait lui-même proposé le débat et qui aurait demandé qu’on ne maquille pas les points de vue qui s’y exprimeront(ah bon? on nous aurait donc mentis?) si durs soient-ils. Les discussions s’étendront à tout le pays dans les prochaines semaines. D’après les premiers résultats, les gens ne ménagent pas leurs critiques. Le quotidien Granma [organe du Parti communiste], gardien de l’idéologie, a mis en avant une question qui inquiète beaucoup de Cubains : la détérioration de la santé publique en raison de l’envoi de médecins et de moyens au Venezuela, une politique jusqu’alors jamais remise en question. Et, dans certains centres universitaires, on a réclamé de plus grands espaces de participation, afin d’influer sur la prise de décisions politiques.
Quelle sera la portée de ces débats ? Certains se rappellent qu’au début des années 1990 la grande île a connu un processus similaire. “Les gens ont parlé tant et plus, mais concrètement il n’en est pas sorti grand-chose”, assure un ancien militant communiste. Comme lui, beaucoup sont sceptiques et attendent de voir. D’après une personnalité politique favorable à la ligne actuelle, “ce qu’on entend [dans les assemblées], c’est ce que disent les gens dans la rue et chez eux”. Conscient du fait que l’idée maîtresse du débat qui émerge est le changement, il parle de “créer des consensus” et affirme : “Ou nous accompagnons les changements, ou c’est l’histoire qui les fera.”
Mauricio Vicent
El País
ah bon? une seconde révolution est necessaire? ben moi je croyais stupidement que le Che, Fidel et toutes ces conneries c'était super?
on nous aurait caché des "trucs"?
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voici un article de L'express sur la farce du Che:
Avec sa gueule d'ange et son béret à étoile, l'Argentin Ernesto «Che» Guevara incarne à lui seul la pureté originelle de la révolution cubaine. Son effigie de héros populaire a acquis, depuis une quarantaine d'années, l'aura d'une icône. Quelque 20 millions de personnes, à travers le monde, posséderaient un tee-shirt à l'image du «rebelle éternel», assassiné le 9 octobre 1967 dans un village de Bolivie (lire le témoignage de Felix Rodriguez). La mythologie aurait-elle faussé notre perception de la réalité? Ceux qui l'ont connu aux premières heures de sa fulgurante carrière portent, en tout cas, un autre regard sur le «guérillero romantique». Anciens compagnons d'armes ou victimes, ils brossent le portrait d'un être froid. Brutal. Autoritaire. Et aux mains tachées du sang de nombreux innocents.
Luciano Medina, d'abord. A 81 ans, robuste, volubile et enjoué, il reste ce guajiro (paysan) qu'il fut au temps de la révolution quand il était le facteur personnel de Fidel Castro. Dans la sierra Maestra, en 1957 et 1958, c'est lui qui acheminait les messages du comandante en jefe à travers les lignes ennemies aux autres comandantes: Raúl Castro, Camilo Cienfuegos ou encore Ernesto «Che» Guevara. «C'est simple, je les ai tous connus», lance l'ex-coursier, dont la voix rocailleuse retentit dans le deux-pièces exigu de Miami (Floride) qu'il occupe depuis les années 1970. «Guevara? Il traitait mal les gens. Très mal», insiste Medina. Les deux hommes se sont fréquentés, deux mois durant, en avril-mai 1958, dans le campement de La Otilia, près de Las Minas de Bueycito. «Un jour que je lisais Sélection du Reader's Digest, peinard dans mon hamac, le Che, furieux, m'arrache la revue des mains et s'écrie: "Pas de journaux impérialistes ici! " Mais surtout, il tuait comme on avale un verre d'eau. Avec lui, c'était vite vu, vite réglé. Un matin, vers 9 heures, nous déboulons au Rancho Claro, une petite exploitation de café appartenant à un certain Juan Perez. Aussitôt, le Che accuse le fermier d'être un mouchard à la solde de la dictature de Batista. En réalité, le seul tort de ce pauvre homme était de dire haut et fort qu'il n'adhérait pas à la révolution.» Une heure plus tard, le malheureux caféiculteur est passé par les armes devant sa femme et ses trois enfants de 1, 3 et 4 ans. «Les voisins étaient traumatisés, indignés. Et nous, la troupe, nous étions écoeurés. Avec trois autres compañeros, nous avons ensuite quitté le Che pour rejoindre un autre campement.» A l'image de Juan Perez, 15 «traîtres», «mouchards», ou supposés tels, devaient pareillement être liquidés sur ordre de Guevara, entre 1957 et 1958. Et ce n'était qu'un début.
Aujourd'hui retraité en Floride, mais autrefois capitaine au sein de la fameuse colonne n° 8, celle de Che Guevara, Eduardo Perez, 71 ans, conserve, lui aussi, un souvenir pour le moins mitigé de son supérieur hiérarchique. Selon cet ex-comptable devenu révolutionnaire, le guérillero argentin se montrait hermétique à l'esprit de camaraderie qui régnait à tous les échelons de l'armée rebelle. Il en veut pour preuve ce récit édifiant: en novembre 1958, le Che envoie 30 de ses hommes, dont Eduardo Perez, en première ligne. Leur mission: tendre une embuscade à l'armée du dictateur Batista, dont une colonne, partie de Fomento, se dirige alors vers le massif de l'Escambray, où se trouve le Che. «Après une minutieuse préparation, nous lançons l'assaut vers 14 heures. Mais, deux heures plus tard, notre position n'est plus tenable en raison de la puissance de feu adverse. Du coup, nous décidons de nous replier d'un kilomètre. Mais, quand le Che a pris connaissance de notre recul, il nous a coupé les vivres!» Une journée passe, sans rien à se mettre sous la dent. Puis deux, puis trois...
Finalement, après soixante-douze heures de diète forcée, le détachement est à nouveau ravitaillé grâce au commandant Camilo Cienfuegos, qui, venu du nord, passait dans le secteur avec ses hommes pour livrer une cargaison d'armes à Guevara. «Ayant appris notre sort, Camilo nous a fait livrer d'autres rations. Plus tard, il a, paraît-il, sermonné le Che: "Que nos hommes soient tués par ceux de Batista, d'accord; mais qu'ils meurent de faim, non! "»
Au fond, même si les portraits géants du Che jalonnent leur île, ce sont sans doute les Cubains qui sont les moins sensibles au «charme» de l'icône planétaire de la révolution. Tel est l'avis d'Agustin Alles Sobreron, toujours fringant malgré ses 81 ans et qui rédige, ces jours-ci, ses Mémoires de guerre. En mars 1958, ce journaliste, accompagné d'un photographe, fut le premier reporter cubain à rencontrer, pendant de longs mois, successivement, Che Guevara et Fidel Castro dans la sierra Maestra. Un scoop publié sous la forme d'un article-fleuve dans la prestigieuse revue cubaine Bohemia (aujourd'hui disparue), où le Che s'offusque qu'on lui prête des sympathies communistes: «Je suis un militaire, rien de plus!»
A la Cabaña, il exécute les basses oeuvres du régime
«En arrivant dans le campement du Che, raconte l'ancien reporter, j'ai été frappé par sa remarquable organisation. Le bivouac possédait son propre four à pain, un petit hôpital et un émetteur de la clandestine Radio Rebelde. Tout était beaucoup mieux tenu que chez Fidel... Mais j'ai, aussi, vite remarqué que le Che ne comprenait rien à la mentalité des Cubains. Ils sont blagueurs, conviviaux et, soyons francs, un peu bordéliques; lui était réservé, intériorisé, rigide. Pas vraiment antipathique mais imbu de lui-même et un peu arrogant. En un mot, c'était l'Argentin typique!»
Quoi qu'il en soit, le 1er janvier 1959, jour du triomphe de la révolution cubaine, Che Guevara est célébré en héros. C'est lui qui, par la prise stratégique de la ville de Santa Clara, située dans le centre du pays, a fait sauter le dernier verrou et ouvert la voie de la victoire vers La Havane (dans l'ouest du pays). Dans la capitale, c'est la liesse. Et pour «el Che», une nouvelle vie commence. Fidel Castro le nomme commandant de la Cabaña, prison qui domine le port de la capitale. Derrière les hauts murs de cette ancienne forteresse coloniale, le guérillero argentin va écrire, au cours de l'année 1959, les pages les plus ténébreuses de la révolution cubaine - et de sa propre histoire.
Minimisée par de nombreux biographes de Che Guevara, cette période restera pourtant gravée à jamais dans la mémoire collective des Cubains. Tandis que Castro chauffe à blanc la population par ses discours enflammés, Guevara prend en charge les basses oeuvres. Selon Armando Lago, vice-président de l'institut de recherches Cuba Archive, 164 personnes sont envoyées au paredon (peloton d'exécution) de la Cabaña entre le 3 janvier et le 26 novembre, date à laquelle Guevara quitte la carrière pénitentiaire (1). Cette célérité fait de lui le plus grand meurtrier de l'histoire de la révolution cubaine (216 meurtres au total), devancé seulement par Raúl Castro, responsable, directement ou non, de 551 exécutions. Quant à Fidel, sans doute plus calculateur et soucieux de la postérité, il n'a jamais commis l'imprudence de se tacher les mains de sang.
En ce début d'année 1959, à la Cabaña, où s'entassent 900 détenus, on fusille tous les jours, généralement le soir. Pour partie, les condamnés à la peine capitale sont des membres de la dictature déchue, coupables de crimes avérés. Mais dans le couloir de la mort se trouvent aussi de simples opposants politiques et nombre d'innocents. C'est le cas de l'agent de police Rafael Garcia, 26 ans, de la Section radio-motorisée de La Havane. Accusé, à tort, d'avoir participé à l'assassinat d'un membre du Mouvement du 26 juillet, le parti de Castro, ce simple flic est condamné à mort, le 13 mars, à l'issue d'un simulacre de procès vite expédié. Son exécution est programmée pour le 18. Mais sa famille remue ciel et terre, réunit les preuves de son innocence et produit des témoignages à décharge. Le tribunal, en appel, n'en tient aucun compte. Sergio Garcia, frère du condamné, obtient un rendez-vous avec Che Guevara. «Je lui ai dit: "Regardez le dossier, il y a erreur, vous verrez par vous-même." Alors Guevara m'a regardé et, l'air narquois, il a lâché: "Votre frère est peut-être innocent, mais il portait l'uniforme bleu. Alors il doit mourir." Puis il m'a congédié.» Quarante-huit ans plus tard, dans son appartement du quartier de Little Havana, à Miami, Sergio Garcia tient à lire, à voix haute, la dernière lettre que son frère adressa à sa jeune épouse. La voix est blanche, ses mains tremblantes, ses yeux soudain humides: «Mon amour adoré, ceci est la dernière lettre de ma vie. Nos quatre mois de mariage furent les plus beaux du monde. Je suis fier de ma famille. Je vous aime à la folie. La seule chose qui me peine est que je meurs innocent. Je dois te laisser, mon amour, car je crois qu'ils viennent me chercher. Rendez-vous dans l'autre vie où nous nous retrouverons, ma chérie. Rafael.»
«La révolution exigeait qu'il tue, il tuait»
Témoin clef de cette période, le père Javier Arzuaga, aumônier de la prison de la Cabaña, aura mis près de cinq décennies à rompre le silence. Dans Cuba 1959: La Galera de la Muerte (Cuba 1959. Le couloir de la Mort ), publié l'année dernière à Porto Rico, celui qui recueillait les confessions des condamnés et les accompagnait dans leurs derniers instants affirme que des dizaines d'entre eux étaient innocents. «Le Che n'a jamais cherché à dissimuler sa cruauté, souligne-t-il. Bien au contraire. Plus on sollicitait sa compassion, plus il se montrait cruel. Il était complètement dévoué à son utopie. La révolution exigeait qu'il tue, il tuait; elle demandait qu'il mente, il mentait.» A la Cabaña, lorsque les familles rendent visite à leurs proches, Guevara, comble du sadisme, va jusqu'à exiger qu'on les fasse passer devant le mur d'exécution, maculé de sang frais...
«Je crois qu'en définitive cela lui plaisait de tuer des gens», estime Huber Matos, qui, en qualité de commandante de la revolucion fut l'alter ego du guérillero argentin, avant d'être condamné à vingt ans de cachot, à la fin de 1959, pour avoir dénoncé la dérive autoritaire du mouvement (2). «Au début, dans la sierra Maestra, nous avons noué une amitié qui reposait sur des affinités intellectuelles. Comme lui, j'avais une formation universitaire. Mais, quand j'ai su ce qu'il faisait à la Cabaña, j'ai pris mes distances. Tout le monde savait ce qui se passait là-bas...»
L'express-Sept 2007
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BOLIVIE • L'assassin du Che soigné par les Cubains
Quarante ans après la mort du Che, son exécuteur – le sergent Mario Terán – fait à nouveau la une de l'actualité. Il vient en effet de se faire opérer de la cataracte gratuitement... par des médecins cubains.
Retenez bien ce nom : Mario Terán. Demain personne ne s'en souviendra plus, comme cela s'est déjà produit il y a quarante ans après qu'il eut fait la une des médias. Mais je vous demande de bien garder ce nom en mémoire, un instant seulement, pour que personne n'oublie et que nous puissions tous juger. Le fils de ce monsieur s'est présenté dans les bureaux du quotidien El Deber, à Santa Cruz, Bolivie, pour demander au journal de publier un mot de remerciement aux médecins cubains qui avaient opéré son père de la cataracte dans le cadre de l'"Opération miracle" [nom donné aux missions médicales cubaines qui soignent gratuitement la population dans plusieurs pays d'Amérique latine] et lui ont rendu la vue.
Le père de ce Bolivien reconnaissant n'est autre que Mario Terán. Ce nom dira peut-être quelque chose aux plus âgés d'entre nous. Les plus jeunes n'en auront sans doute jamais entendu parler. Mario Terán est le sous-officier qui a assassiné le commandant Ernesto Che Guevara le 9 octobre 1967 dans la petite école de La Higuera. Lorsqu'il a reçu l'ordre de ses chefs, Terán a dû avoir recours à l'alcool pour trouver le courage de l'exécuter. Il a lui-même raconté à la presse plus tard qu'il tremblait comme une feuille lorsqu'il s'est retrouvé face à cet homme qu'il a vu à ce moment-là "grand, très grand, immense".
Héctor Arturo
Granma
Sept 2007
le "journaliste" en rajoute un peu à la fin...?
c'est marrant mais le Che ne parait pas si grand sur les rouleaux de PQ?!
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Les ruines de la révolution
LE MONDE | 30.12.08 |
Diez de Octubre, quartier sud de La Havane, est le triste reflet de la déchéance de l'ancienne plus belle ville d'Amérique latine. Au coin de la rue Santos Suarez, une vingtaine de personnes attendent la guagua (autobus). Cinquante ans après l'entrée triomphale des "barbudos" dans La Havane, ses deux millions d'habitants n'ont pas l'esprit à la célébration. Leur seule et unique préoccupation est celle de toujours : comment affronter les pénuries alimentaires.
Tout près, un bâtiment Art déco attire l'attention. C'est l'Apolo, un des rares cinémas qui a survécu à l'animosité révolutionnaire pour ce "divertissement bourgeois". Comme la plupart des salles de quartier, il ne présente plus de films depuis longtemps, mais il n'a pas été transformé en parking, en entrepôt ou en atelier de réparation, comme le Shangai, le Majestic, le Campoamor et tant d'autres.
"Le projecteur est tombé en panne et ils ne l'ont plus jamais rouvert, soupire un mulâtre. C'était un beau cinéma, avec sa cafétéria et sa machine à pop-corn." Une femme, dans la soixantaine, renchérit : "Ils l'ont laissé mourir, comme ils l'ont fait avec tout le reste." Le ton monte avec l'intervention d'une jeune femme : "Cette révolution nous a fait reculer de cinquante ans. Elle a détruit tout ce qu'avait construit le capitalisme, elle a séparé les familles et elle a corrompu les Cubains, qui survivent désormais grâce au mensonge et à la combine." Personne ne proteste, pas même le milicien en uniforme. La conversation se poursuivra, très animée, durant tout le trajet à bord d'un des nouveaux autobus chinois Yutong, qui ont amélioré l'exécrable service de transport en commun.
Plusieurs grands peintres, dont René Portocarrero et Amelia Pelaez, vécurent dans ce quartier dans les années 1950. L'extraordinaire chanteuse Celia Cruz y passa son enfance avant de s'exiler aux Etats-Unis. La prospère colonie espagnole et la classe moyenne y établirent leurs résidences, modestes ou prétentieuses, mais toutes au goût de l'époque, avec colonnes et barreaux de fer forgé. La meilleure pâtisserie de Cuba, La Gran Via, y avait ouvert ses portes en 1952, à deux pas de l'Apolo. Et les cinéphiles avaient le choix entre plusieurs dizaines de salles pour voir des films américains, la majorité, mais aussi français et italiens.
La Havane est un cimetière de cinémas
Avec la révolution, la classe moyenne s'est prolétarisée. Les maisons se dégradent faute d'entretien et des hordes de chiens faméliques fouillent les ordures ménagères qui s'amoncellent dans les rues défoncées, où bringuebalent encore les grosses Ford ou Chrysler des années 1950. La Gran Via a été nationalisée et ne vend plus que des gâteaux infects. Les cinémas ont quasiment tous fermé leurs portes. Sur les 135 salles que comptait La Havane - plus que Paris et New York -, il n'en reste plus qu'une vingtaine. Avec la nationalisation, dès 1960, de toutes les activités commerciales, industrielles et culturelles, les cinémas fermèrent un à un leurs portes, faute d'entretien, de films ou d'électricité.
La Havane, se lamentent les Cubains, est un cimetière de cinémas. C'est aussi un cimetière de librairies, de marchés, de commerces... Comme le reste de l'île, où les vestiges rouillés de l'industrie sucrière surgissent au milieu des champs en jachère permanente. Cuba est, enfin, un cimetière d'espérances. Il ne reste plus que l'humour noir, qui se nourrit des rumeurs sur la mort, toujours démentie, de Fidel Castro, le principal responsable du naufrage selon la plupart des commentaires recueillis sur place. "Ils le soutiennent avec des étais, comme les bâtiments de la vieille Havane", ironise Ernesto, qui est né avec la révolution et doit son nom à "l'admiration qu'éprouvait (sa) mère pour Che Guevara".
Ernesto déteste le Che et l'adulation dont il est l'objet. "J'ai perdu cinquante ans de ma vie à cause de ce régime et mon salaire d'ingénieur me donne tout au plus de quoi m'alimenter dix jours par mois." L'immense majorité des Cubains travaillent pour l'Etat et reçoivent un salaire en pesos (15 euros par mois en moyenne), qui sont acceptés uniquement pour l'achat des aliments de base et des vêtements recyclés, pour les autobus et dans les restaurants bas de gamme.
Les prix du supermarché sont deux à quatre fois plus élevés qu'aux Etats-Unis ou en Europe
En revanche, la viande de boeuf, dont le trafic est considéré comme un des plus graves délits du code pénal, ainsi que la majorité des médicaments, les vêtements de qualité et une longue liste de produits ne peuvent être acquis qu'en CUC, le peso convertible créé en 2004 et qui vaut 24 pesos nationaux (un peu moins de 1 euro). "Avec ce système, s'insurge Ernesto, le gouvernement te soutire jusqu'au dernier "kilo" (sou) si ta famille t'envoie des dollars ou des euros depuis l'étranger."
Les "magasins de récupération de devises", selon la terminologie officielle, profitent de l'absence totale de concurrence pour vendre le plus cher possible. Les supermarchés Palco et les établissements gérés par Trasval sont les plus représentatifs, en particulier le grand magasin de deux étages récemment rouvert dans la rue Galiano, qui fut avant la révolution la principale artère commerciale de La Havane et s'est convertie depuis en un champ de ruines en plein coeur de la ville. Il faut déposer sacs et pièce d'identité à la consigne avant d'entrer.
Le Trasval se donne des airs de luxe, avec ses néons abondants, ses escaliers mécaniques - qui fonctionnent - et son personnel pléthorique. Le contraste est saisissant avec les commerces voisins, tous plongés dans l'obscurité, comme le Bazar Inglés, qui vend des vêtements recyclés pour quelques pesos. Le Trasval, en revanche, offre des marchandises importées, la plupart de Chine : jouets, outils, bicyclettes, pneus, appareils électriques... Les prix sont exorbitants et les visiteurs regardent sans acheter.
Les prix du supermarché Palco, affichés en devises, sont deux à quatre fois plus élevés qu'aux Etats-Unis ou en Europe : 9,45 dollars pour un demi-litre d'huile végétale Mazola ; 3,17 dollars pour un litre de lait ; 4,27 dollars pour une boîte de thon de 170 grammes ; 1 424 dollars pour un ordinateur Dell bas de gamme (le même se vend 350 dollars aux Etats-Unis). "C'est du vol à main armée", se plaint amèrement Martha, qui sait de quoi elle parle puisqu'elle administra l'ancien Ten Cents de Woolworth (un magasin bon marché) lorsqu'il fut confisqué en 1960. "C'est d'autant plus hallucinant que le Trasval occupe exactement le même local que le Ten Cents, dont la philosophie était de baisser les prix le plus possible pour que les classes populaires puissent acheter, et on y trouvait de tout." A 75 ans, Martha conserve un discours révolutionnaire et antiyankee qui lui a permis d'occuper une situation privilégiée, mais elle avoue ne pas comprendre pourquoi l'Etat socialiste vend plus cher qu'une entreprise capitaliste.
La frustration des Cubains est palpable sur les marchés, où les étals sont vides et où s'exprime ouvertement leur obsession pour la nourriture. Lisette en est à son troisième marché ce matin et elle n'a pas encore réussi à remplir un seul des sacs en plastique qu'elle a toujours sur elle, comme tout le monde, "au cas où" elle trouverait quelque chose. "Il n'y a que de la patate douce, comme hier, avant-hier et sans doute demain. La papaye est jaunâtre, les carottes noires et les tomates vertes. Il n'y a pas de laitue mais j'ai trouvé quelques feuilles de blette." Une fois de plus, il faudra recourir à la bolsa negra, le marché noir, où les prix sont plus élevés et où on ne trouve plus grand-chose depuis que la police multiplie les arrestations. "On nous a toujours dit que les pénuries étaient dues au blocus américain, et maintenant c'est aussi à cause des cyclones. C'est toujours la faute des autres."
Le marché de la rue 19 est un peu mieux fourni que les autres mais les trois quarts des éventaires sont vides. On y trouve quelques aubergines très fatiguées, des petits concombres grisâtres, des gousses d'ail minuscules et trois bottes d'épinards. Le seul étalage qui donne une impression d'abondance offre du cresson, mais les clients ne s'y bousculent guère. Pas de poisson frais ni de viande, sauf dans les supermarchés en devises.
Jusqu'en 1958, Cuba était un grand pays agricole et produisait près de 80 % de ses besoins alimentaires. C'était aussi le premier fournisseur des Etats-Unis en légumes. La situation s'est inversée : l'île importe plus de 80 % de ses aliments et son premier fournisseur n'est autre que... les Etats-Unis. Après avoir été la troisième puissance économique en Amérique latine, Cuba est tombée à l'avant-dernier rang et l'île survit grâce à l'aide massive du Venezuela, qui a remplacé les gigantesques subventions soviétiques, interrompues en 1991.
"Les choses ne changeront pas tant que les frères Castro seront là", entend-on partout, y compris chez les révolutionnaires, qui critiquent l'immobilisme de leurs dirigeants. "Le pire, c'est la démoralisation et la trahison idéologique", déplore Gustavo, qui patiente depuis des heures avec plusieurs amis pour entrer chez Coppelia, le grand glacier ouvert en 1966 sous la bannière de l'égalité sociale. "Si tu payes en pesos, tu fais la queue et on te donne une glace infecte, mais si tu as des devises, tu passes devant tout le monde et t'as droit à une glace de meilleure qualité." Quand la révolution détruit ses propres symboles, elle n'a effectivement plus rien à célébrer.
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Cuba: un livre révèle la vie cachée, très luxueuse, de Fidel Castro
Le Monde et The Guardian livrent quelques éléments du contenu de ce livre, "La vie cachée de Fidel Castro".
Juan Reinaldo Sanchez, membre de la garde rapprochée du Lider maximo avant d'être jeté en prison pour avoir voulu prendre sa retraite, et de fuir aux Etats-Unis, explique ainsi que beaucoup de Cubains n'avaient pas la moindre idée que Fidel Castro menait un train de vie bien au-delà de ce que eux pouvaient même rêver, et en totale contradiction avec les sacrifices qu'ils leur demandaient. "Contrairement à ce qu'il a toujours dit, il n'a jamais renoncé au confort du capitalisme ou choisi de vivre dans l'austérité", explique le Cubain, cité par The Guardian.
Selon lui, loin de l'image qu'il donnait en public, Fidel Castro, possédait une île privée sur laquelle il se rendait à bord de son yacht luxueux. Seuls quelques personnes triées sur le volet y étaient invités, comme l'écrivain colombien récemment décédé Gabriel Garcia Marquez.
Le Líder Máximo possédait aussi d'autres biens immobiliers, comme une propriété à La Havane avec un bowling, un terrain de basket, et un centre médical tout équipé.
Autre révélation: Fidel Castro ne se déplaçait jamais sans au moins dix gardes du corps, dont deux "donneurs de sang".
Juan Reinaldo Sanchez explique que pendant près de 20 ans, il a plus vu Fidel Castro que sa propre famille. "C'était un Dieu. Je buvais ses mots, croyais tout ce qu'il disait, le suivais partout et je serais mort pour lui", écrit-il. Tout ça avant de se rendre compte que Cuba lui "appartenait", "comme à un propriétaire terrien du 19e siècle".
Selon Le monde, l'ouvrage détaille également les enregistrements et la surveillance constante auxquels Fidel Castro soumettait son entourage.
D'après The Guardian, le journaliste de l'Express Axel Gyldén, affirme avoir vérifié l’histoire relatée par le garde du corps.
Fidel Castro a annoncé en 2008 son retrait de la tête de l'Etat au profit de son frère, Raul, qui détenait en fait ses pouvoirs depuis 2006, à la suite d'une opération chirurgicale du Lider. Depuis, il se tient en retrait de la vie publique...
RTBF
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