AFP
Des rangs de chaises longues clairsemés sur les plages en Espagne et Italie, des tables vides aux terrasses de café en France: la crise financière a coupé les ailes au secteur touristique des principales destinations d'Europe, en mal de visiteurs étrangers.
La chute aura été brutale en France, pays qui attire le plus de touristes étrangers dans le monde, avec 79,3 millions de visiteurs en 2008. Au coeur de l'été, en juillet et août, la baisse des touristes étrangers a été évaluée à 30% par le gouvernement, après un recul de 15,5% sur les cinq premiers mois.
Première rivale de la France, l'Espagne s'en sort un peu mieux, avec un recul des visiteurs étrangers estimé à 10% pour l'été, et une baisse limitée à 11,4% sur les six premiers mois. En Italie, les professionnels tablent sur un recul de 8,3% des arrivées de touristes étrangers entre mai et octobre.
Fragilisée, la France devrait toutefois "rester la première destination mondiale, puisque tout le monde recule à peu près dans les mêmes proportions", assure Christian Mantei, président de l'agence de développement touristique Atout France.
La France dépend moins que ses concurrents des touristes étrangers en été, période où leur part dans les nuitées globales n'atteint que 20%: "En France, nous avons des visiteurs toute l'année", fait valoir M. Mantei.
Comme la France, de nombreux pays comptent sur les touristes nationaux pour compenser la chute des étrangers. En ces temps de crise, les Européens ont en effet redécouvert les vacances au pays: selon une étude de l'institut Gallup, 48% d'entre comptent rester dans leur pays en 2009, contre 43% en 2008.
Champions du tourisme aux côtés des Allemands, les Britanniques, échaudés par la chute de la livre, ont réduit de 10% leurs voyages en Europe.
Du coup, les vastes plages d'Espagne, habituellement prises d'assaut par les Britanniques et les Allemands, ne se remplissent plus. "C'est le pire été que j'ai jamais vu. Il n'y a personne sur la plage", se désole Pedro Hervas, vendeur de boissons à Torremolinos sur la Costa del Sol.
Avec 57,3 millions de visiteurs étrangers, l'Espagne s'est fait doubler en 2008 par les Etats-Unis (58 millions), désormais deuxième destination mondiale derrière la France. Face à la crise, le gouvernement espagnol a débloqué un milliard d'euros pour soutenir le tourisme.
Comme ailleurs en Europe, les dépenses des touristes dans les bars et restaurants sont en berne en Espagne. La consommation de bière devrait reculer de 13,5% en août comparé à 2008, redoutent les brasseurs espagnols.
Les recettes liées au tourisme font également cruellement défaut en Grèce ou au Portugal, où les dépenses des visiteurs étrangers ont chuté respectivement de 14,7% et de 13,2% au cours du premier semestre.
L'heure est aussi aux économies sur les plages en Italie: "Les gens louent un parasol mais ils apportent des sandwiches pour manger sur place", selon le Syndicat des établissements balnéaires. En juin et juillet, les plages italiennes ont compté 1,5 million de touristes de moins que l'an dernier.
Confrontés à une chute de la demande, les hôtels ont commencé à casser les prix: au deuxième trimestre, les tarifs des chambres en Italie ont reculé en moyenne de 8,3%, une baisse qui frôle les 30% dans les 3 et 4 étoiles.
Seule la Ville éternelle semble pour l'heure échapper à la crise: "Le tourisme va bien à Rome alors que Florence, Venise et la côte sont en baisse", commente Mauro Cutrufo, adjoint au maire chargé du tourisme.
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