Dans les écoles internationales de l’Est vaudois, de nombreux enseignants ne maîtrisent pas la langue de Molière. Les établissements proposent pourtant des programmes d’apprentissage.
Do you speak French? A cette question, la réponse est loin d’être un oui unanime dans le corps enseignant des écoles internationales. Si certains profs ont rapidement appris le français, d’autres, pourtant établis dans la région depuis plusieurs années, peinent à s’y mettre.
Hiroshi Watanabe vit en Suisse depuis seize ans. Le directeur de la Kumon Leysin Academy of Switzerland (KLAS) l’avoue toutefois: «Mon français reste très pauvre. Je le regrette parfois. Tant que je suis à Leysin, je peux me débrouiller. Mais hors de la station, c’est parfois compliqué.»
Le directeur de l’école nippone – où le français ne vient qu’en troisième position derrière l’anglais et le japonais – ne fait pas figure d’exception. Contrairement à leurs professeurs, les élèves de la Kumon Leysin Academy of Switzerland n’échappent pas à la langue de Molière. Ils bénéficient tous de cours de français de base.
A la Leysin American School ou à l’Aiglon College de Villars, les propos sont les mêmes: la plupart des enseignants «se débrouillent», «baragouinent». Reste une part non négligeable de professeurs qui se bornent à l’anglais. «C’est regrettable, estime Richard McDonald, directeur de l’Aiglon College. Une personne qui s’établit dans la région et ne fait pas l’effort d’en apprendre la langue se prive d’une part de la richesse culturelle locale.» Pour Sixtine Crutchfield, responsable marketing de la Saint George’s School, à Montreux, le phénomène est connu. «Il n’est pas propre aux enseignants. D’une manière générale, les anglophones ne sont pas très ouverts. A Genève, par exemple, des employés des Nations Unies vivent là depuis longtemps mais ne parlent qu’anglais.»
A en croire plusieurs enseignants, les freins à l’apprentissage sont nombreux. «La vie d’internat implique de longues journées», souligne Jean-François Guévin, professeur de français à la KLAS. Et la présence de ces établissements dans des localités largement ouvertes au tourisme n’est pas pour aider: «C’est vrai qu’en station, on peut plus facilement se faire comprendre, même avec un français très rudimentaire», note Richard McDonald.
Pour contrer le problème, les écoles mettent des bourses à disposition de leur personnel souhaitant apprendre le français. «De plus, nous faisons des efforts pour engager des profs qui ont déjà une famille, signale le directeur de la Leysin American School, Marc-Frédéric Ott. Ceux qui ont des enfants tissent davantage de liens avec la population.» Quant aux élèves, l’intégration fait partie des passages obligés de leur cursus scolaire. Sorties sportives en station, travail pour la communauté locale: les occasions de côtoyer les autochtones ne manquent pas. «Au début de chaque année, nous rappelons aux étudiants que nous sommes des hôtes du village, ajoute Marc-Frédéric Ott. Il est important de respecter la culture locale.»
http://www.24heures.ch/vaud-regions/actu/profs-anglophones-boudent-francais-2010-05-14
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