jeudi 5 août 2010

La détérioration de la dette brésilienne inquiète le marché

Les investisseurs déplorent le manque d’enthousiasme à diminuer les coûts alors que la croissance a rebondi. Le Mexique apparaît plus rigoureux

Le marché s’inquiète de l’évolution de la dette publique brésilienne. Les CDS (credit default swap, les primes d’assurance de risque de défaut) sont désormais légèrement plus chers que ceux du Pérou ou de Panama, selon CMA DataVision. Plus que l’état des finances brésiliennes – la dette atteint 60% du PIB (2000 milliards de réis ou 1184 milliards de francs), un montant sans commune mesure avec celle de la Grèce, approximativement le double –, c’est son évolution et le fait que le gouvernement ne semble pas pressé de réduire les dépenses qui soulèvent des questions. Selon les données de la Banque centrale brésilienne, elle était de 54,7% il y a quatre ans. Entre-temps, la récession – qui a entraîné un recul de 0,2% du PIB – a conduit le gouvernement à augmenter les dépenses. Or les investisseurs estiment que Lula – président jusqu’à la fin de 2010 – devrait profiter d’une croissance solide cette année (7,2% selon un sondage publié par la banque centrale) pour réduire les dépenses. L’un des candidats à l’élection d’octobre a déjà annoncé sa volonté de réduire le déficit.

«Par rapport au PIB, la dette brésilienne augmente rapidement. Il ne faut pas encore tirer la sonnette d’alarme. Mais le pays s’en tirera-t-il facilement? C’est là tout l’enjeu», a expliqué Paulo Vieira da Cunha, ancien directeur de la banque centrale et maintenant associé de Tandem Global Partners, un hedge fund basé à New York. Interrogé par Bloomberg, il a néanmoins estimé que le profil de crédit restait «très bon». Le pays est noté BBB- par les trois principales agences de notation, soit le niveau d’investissement le plus bas.

Pour les analystes de Merrill Lynch, le fardeau de la dette constitue le principal argument négatif pour investir dans la dette brésilienne. De ce point de vue, la deuxième économie d’Amérique latine, le Mexique, apparaît comme plus rigoureux: sa dette publique n’atteint que 32% du PIB, souligne la banque américaine.

De manière générale, les marchés de la dette au Brésil sont très actifs. Les entreprises ont levé 18,8 milliards de dollars depuis le début de l’année, soit une hausse de 235% par rapport à l’an dernier, selon des données récoltées par Bloomberg.

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