(...) Nous allons plutôt nous concentrer sur l'efficacité d'une mesure que le gouvernement présente volontiers comme représentative de sa fermeté. Sur le résultat, puisque c'est la logique qui l'anime et la justifie.
Commençons par reconnaître au gouvernement une étonnante franchise et, plus surprenant encore, un pouvoir comique à la Raymond Devos. M. Besson n'affirme-t-il pas lui-même que ce renvoi spectaculaire n'empêchera pas les renvoyés de revenir à l'envoyeur plus rapidement encore que par la voie postale ? Dans une Union Européenne où la liberté de circulation, garantie à chacun de ses 27 pays membres, est un principe fondamental, rien n'interdit à des ressortissants roumains de venir et de revenir en France. C'est comme ça. M. Hortefeux le sait bien.
Autrement dit, au nom de l'aide humanitaire, le gouvernement français va donner 300 euros à chaque Rom roumain charterisé auquel il faudra ajouter 100 euros pour chaque enfant sans pouvoir être sûr qu'ils ne reviendront jamais chez nous, sans compter le coût du voyage...
C'est absurde ? Pas tout à fait, en vérité. C'est le prix de l'affichage d'une communication gouvernementale simple qui a un seul intérêt : faire semblant d'agir. Tant pis si on perd, du temps, de l'argent et de l'énergie : on espère que le peuple sera content, et rassuré, c'est l'essentiel.
Au-delà d'une approche ouvertement populiste, qu'il dénonce, et d'un risque de « dérapage xénophobe », qu'il redoute, le ministre roumain des affaires étrangères a pointé du doigt l'inanité d'une opération qui coûte cher et ne réglera rien. Qu'il existe des filières mafieuses, des exploitations de femmes et d'enfants Rom, une immigration dévoyée vers la France, personne ne le conteste ! C'est un vrai problème, très concret, mais très complexe à traiter et qui ne pourra pas être résolu en 48 heures ni en deux ans. Une vraie question de civilisation européenne à laquelle il faudra trouver une réponse européenne qui ne surgira pas par miracle d'un casque policier.
La vraie volonté, la vraie honnêteté à l'égard des Français, consisterait, pour commencer, à admettre cette évidence.
http://www.dna.fr/fr/infos-generales/edito/info/3644133-Olivier-Picard-Un-Paris-Bucarest-et-retour
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