mardi 31 août 2010

L'industrie française est-elle condamnée par la concurrence des pays à bas salaire ?

L'industrie française souffre de la mondialisation

L'industrie française est-elle condamnée par la concurrence des pays à bas salaire ? Une étude commandée dans le cadre des États généraux de l'industrie passant en revue dix des onze filières* jugées stratégiques pour l'industrie française (automobile, luxe, technologie de l'information, aéronautique...) permet de mettre des chiffres derrière la "désindustrialisation" supposée de la France.

L'industrie automobile a été particulièrement affectée. Parmi les filières étudiées, c'est celle qui a le plus souffert ces dix dernières années. En 2009, moins de la moitié des voitures achetées en France (43 %) ont été fabriquées dans l'Hexagone alors qu'elles étaient encore 57 % en 1999. Une tendance pas forcément négative, si dans le même temps la filière avait compensé l'érosion en augmentant ses exportations. Or, cela ne semble pas être le cas : majoritairement exportatrice en 1999, l'industrie automobile française était globalement importatrice l'année dernière. On comprend mieux la colère du gouvernement lorsque Renault a réfléchi à produire une partie de sa Renault Clio 4, une voiture destinée au marché français, en Turquie. D'autant que les véhicules encore produits dans l'Hexagone utilisent de moins en moins de produits et de services français ! Ceux-ci sont passés de 67 % en 1999 à 64 % en 2009.
Les Français achètent de moins en moins français
Plombé en partie par l'automobile, l'ensemble de l'industrie française a connu la même érosion. Au global, la France importe maintenant plus de produits industriels qu'elle n'en exporte, ce qui n'était pas le cas dix ans auparavant. Cinq filières restent toutefois exportatrices nettes : la construction navale, les industries de santé, du ferroviaire et de l'agroalimentaire ainsi que l'aéronautique. Cette dernière est la seule à avoir amélioré son ratio exportation/importation en dix ans, preuve que les technologies à forte valeur ajoutée ont encore de l'avenir.

Mais, afin de réaliser ces performances, la filière aéronautique française a de plus en plus recours aux produits et services étrangers pour réaliser sa production. Et il en va de même pour toutes les filières étudiées. La part de composants et de recherche-développement dans un produit fabriqué en France est passée de 75 à 69 % en dix ans. Seuls la construction navale et le secteur des technologies de l'information et des télécommunications ont augmenté leur part de produits français utilisés dans le processus de production.

Et ce n'est pas la demande qui freinera cette tendance défavorable pour l'industrie française. Malgré le rejet des délocalisations par les Français, les consommateurs (et les entreprises françaises) achètent de moins en moins de produits hexagonaux... Des constats qui conduisent le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, à affirmer qu'il faut "protéger l'usine, protéger l'ouvrier, protéger le technicien, protéger l'ingénieur et leur matière grise et leur savoir-faire que nous avons perdus pour un certain nombre d'entre eux depuis près de dix ans dans des proportions trop importantes". Il a indiqué qu'il allait lancer le débat avec l'Union européenne "pour lui faire entendre l'évolution des règles auxquelles il faut que nous puissions aboutir" pour un marquage de l'origine des produits fabriqués en Europe.

http://www.lepoint.fr/economie/l-industrie-francaise-souffre-de-la-mondialisation-31-08-2010-1230727_28.php

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